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Aucun imam ne sera jamais président du Mali

La sortie médiatique du guide d’Ançar Dine International, à l’occasion de la célébration du Maouloud, a eu le mérite de clarifier une chose : Ousmane Madani HAIDARA est sûr que les Maliens dans leur majorité sont acquis à sa cause. De là à croire qu’il pourrait, s’il le voulait, devenir un jour président du Mali, il n’y a qu’un pas à franchir.

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Tous les Maliens ont suivi avec quelque intérêt le parcours de Ousmane Madani HAIDRA, depuis le temps où il était combattu par certains responsables religieux à cause de son langage direct, franc qui s’appuyait sur les textes fondateurs de la religion musulmane. Le ton était nouveau car le prêcheur d’alors s’attaquait à ses pairs qu’il accusait de mystifier la religion pour mieux vivre aux dépens de tous les Kunfin que sont la majorité des musulmans maliens.

Ce langage et ce ton lui ont valu d’être longtemps interdit d’antenne tant à la télévision qu’à la radio nationale car, à l’époque, les politiques dominaient les religieux. Ousmane Madani HAIDARA a dû, pour se faire entendre, mettre sur le marché des prêches enregistrés sur des cassettes audio qui s’arrachaient comme des cacahuètes. Depuis l’homme n’a cessé de soulever des foules de plus en plus nombreuses jusqu’au-delà des frontières du Mali.

Aujourd’hui, Ousmane Madani HAIDARA est sans doute l’homme le plus écouté dans le milieu musulman. C’est une référence nationale car l’homme ne s’est jamais départi de son franc-parler et ne semble pas s’être compromis, comme la plupart de nos prêcheurs, dans des affaires politico-financières. Les dons qu’il reçoit de ses fidèles partisans à travers le monde le mettent à l’abri du besoin. Il suffit de visiter sa villa de Banconi pour se rendre compte du luxe dans lequel il vit.

Cependant, si l’homme est aimé des musulmans maliens (excepté les wahabia), ses prêches font peur car ils dénoncent la fausseté, la cupidité, la corruption, le libertinage, la débauche des musulmans maliens. Notre pays s’est tellement fourvoyé ces dernières décennies que les mœurs y sont des plus relâchées. Or c’est cette situation déplorable et inacceptable pour un bon musulman que dénonce le guide d’Ançar Dine. Excepté un noyau de fidèles convaincus, la majorité des Maliens redoutent à vivre dans le monde que souhaite le prêcheur.

Les 25 ans de démocratie ont plongé les Maliens dans une telle décrépitude que la plupart d’entre nous se complaisent dans le péché. C’est en cela qu’un régime islamique a peu de chance de voir le jour au Mali. Sur les 90% de Maliens supposés être musulmans, combien le sont-ils vraiment ? Combien vont régulièrement à la mosquée et pas seulement le vendredi ? Combien sont prêts à mourir pour Dieu et mériter Son paradis ? Rien n’est pire que de se prendre pour ce qu’on n’est pas.

Certains religieux se sont déjà essayé au suffrage des Maliens et ont essuyé une cuisante défaite. Certes ceux-ci n’avaient pas l’envergure du chef d’Ançar Dine mais leurs candidatures ont montré que les Maliens ne sont pas prêts à se donner comme responsables politiques des gens qui se réclament de la religion.

Si IBK a sollicité et obtenu l’adhésion des plus grands chefs religieux du Mali pour leur caution morale, ce serait illusoire de croire que c’est grâce à eux et à eux seuls que les Maliens ont voté à plus de 77% pour IBK. Celui-ci a commis l’erreur de faire des chefs religieux des intouchables en leur faisant croire qu’il ne jurerait que par Dieu. C’est à juste titre que ces derniers montrent leurs griffes et défient son pouvoir comme ce fut le cas lors de la célébration du Maouloud dernier.

Aucun imam ne sera jamais président du Mali comme le croit Ousmane Madani HAIDARA car les Maliens n’en voudront pas. L’Islam malien a jusque-là bien fonctionné parce qu’il n’a jamais mélangé religion et politique. Tant qu’il s’agira, dans des prêches, de dire la vérité de Dieu voire même de critiquer le pouvoir et les politiciens qui ont détruit notre pays, tout va bien. Quant à prendre le pouvoir au nom de l’Islam et par les règles de l’Islam cela ne risque pas d’arriver surtout dans le contexte mondial actuel.

Cependant la menace du chef d’Ançar Dine, car c’en est une, pose l’épineux problème de la corruption morale de la classe politique malienne, principalement depuis que ceux qui se disent « démocrates convaincus et sincères » ont fait main basse sur les maigres ressources de notre pays en érigeant le vol des deniers publics en programme de gouvernement et ont vendu à l’encan notre dignité et notre honneur. Les mensonges éhontés, la duplicité, la corruption d’Etat d’un président à l’autre ont poussé des centaines de milliers de Maliens dans l’escarcelle des religieux musulmans. C’est pourquoi le Mali a besoin d’un homme neuf, un vrai patriote qui aime ce grand pays et son peuple pour le sortir de l’ornière où l’ont poussé des gens sans moralité et faire enfin régner l’ordre et la discipline qui lui manquent tant.

Il faut croire que le temps viendra où le Mali se relèvera et retrouvera sa place d’antan en Afrique. Cela risque d’être long et nécessitera un nettoyage général de tous ceux qui ont fait de mars 1991 une catastrophe nationale. Comme les griots le disent : « le Mali peut tanguer mais le Mali ne chavirera jamais ».

 

Ousmane THIÉNY KONATÉ

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