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Au Sahel, un défi dans la durée

Ce matin à 11 h, dans la cour des Invalides, la sonnerie aux morts retentira pour la mémoire de deux soldats d’exception, tués dans l’opération de libération des otages dans le nord du Burkina Faso. Appartenant à un corps parmi les plus prestigieux des forces armées, ces soldats étaient formés aux duretés et aux risques de leur action. Leur courage n’en est pas moins exceptionnel, à la mesure des quatre vies qu’ils ont sauvées.

Les polémiques sur les raisons de cette intervention doivent à présent laisser la place à l’hommage mérité pour ces troupes d’élite. Et à une évaluation plus large de ce qui est en jeu au Sahel. Car la prise d’otages, dans le nord du Bénin, a révélé l’extension de la menace djihadiste, et l’évolution des modes opératoires des groupes armés. Comme les services de renseignement le craignaient depuis plusieurs mois, ces groupes coopèrent entre eux et investissent des terrains jusqu’ici relativement épargnés.

Cinq ans après le déclenchement de l’opération Barkhane, force est de constater que l’ampleur de la zone où plane la menace djihadiste s’élargit. En 2013 et en 2014, c’est aux confins du Mali et du Niger que se situait le danger.

Aujourd’hui, le centre-sud du Mali, près de la frontière avec le Togo et le Bénin, est désormais un espace de conquête. Et le Burkina Faso, frappé une nouvelle fois dimanche par l’attaque d’une Église catholique, est en train de devenir un carrefour pour les différents groupuscules djihadistes. À la croisée des stratégies d’Al-Qaida et des groupes affiliés à l’organisation État islamique.

Pratiques mafieuses

Étendue sur une surface vaste comme l’Europe, la menace porte donc désormais sur plusieurs foyers simultanés : l’espace pris en charge par le G5 Sahel (Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso), celui plus à l’est, aux frontières entre le Nigeria, le Cameroun et le Tchad, où sévit Boko Haram. Enfin, les pays côtiers, comme le nord du Bénin, longtemps épargné, le Togo, le Ghana. Sans parler de la déstabilisation en cours de la Libye ni des implantations dans l’est de l’Afrique.

Depuis plus de trente ans, l’Afrique est la cible des djihadistes. Aussi bien à l’Est (Tanzanie, Kenya, Somalie, Soudan) qu’au Sahel et dans le Sahara. À l’heure où Al Qaïda et maintenant Daech ont su se métamorphoser, la dispersion accroît la menace. Et la géographie des groupes armés est d’autant plus volatile qu’elle se confond avec les pratiques mafieuses qui les font vivre.

Ils profitent de la porosité des frontières dans cette région, que les États n’ont pas les moyens de contrôler. Depuis juillet 2018, le nombre d’incidents violents au Mali, à l’ouest du Niger et au Burkina, a atteint un niveau de deux à quatre fois supérieur à celui qu’il était au pic de la crise malienne, en 2013, lorsque Paris décida d’intervenir.

Résultat, même si environ quatre cents terroristes importants ont été éliminés depuis six ans, la pratique terroriste persiste. En reposant sur une tactique difficile à contrer : l’intimidation à la fois des Occidentaux et des forces des États régionaux, et l’islamisation des régions qui échappent à tout contrôle étatique.

La France n’est pas seule dans ce combat. Le soutien américain, en matière d’intelligence notamment, est permanent et a été de nouveau décisif lors de la récente prise d’otage. La force conjointe du G5 Sahel, après des débuts poussifs, a reçu un soutien logistique et de formation.

Mais le défi est de taille et la mobilisation européenne encore insuffisante. Si elle veut éviter l’enlisement, l’armée française sait que c’est autant sur le terrain du développement que du contrôle sécuritaire que se joue la partie.

Ouest-france.fr

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