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Au Mali, qui veut vraiment la paix ?

L’hélicoptère MI-8 de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) se pose, le 13 septembre, dans un nuage de sable, sur une bâche en plastique tendue au milieu du désert.

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Plusieurs soldats des forces spéciales danoises s’extirpent de la carlingue, suivis du chef des casques bleus au Mali, le général Michael Lollesgaard. Les hommes du bataillon tchadien déployés à Aguelhoc depuis près d’un an sont au garde à vous.

« Ça va beaucoup mieux ici », affirme avec un optimisme tout relatif le commandant, Mahamat Ali Ibrahim. « Au début de notre mission, on prenait des roquettes sur la tête toutes les semaines. Maintenant, le danger a évolué. Les mines, les IEDS [engins explosifs improvisés]. C’est ça qui nous complique la tâche. » Sans compter que, depuis cet été, les combats ont repris entre la Plateforme (groupes armés pro-gouvernementaux) et les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Ils se disputent la gestion sécuritaire de la ville de Kidal, où des autorités intérimaires sont censées être prochainement installées. Deux mois après le début des hostilités, aucun terrain d’entente n’a été trouvé. L’application concrète de l’accord de paix signé en 2015 à Bamako entre le gouvernement et les groupes rebelles, déjà mal engagée, est aujourd’hui au point mort. Si bien que la médiation internationale, dans un communiqué diffusé mercredi 21 septembre, « estime que cette situation ne saurait perdurer plus longuement, sans compromettre l’essence même de cet accord ».

A Kidal, la CMA se barricade

Une dizaine de soldats sont postés à l’extérieur du siège du MNLA à Kidal, capitale régionale mais petite ville perdue au milieu d’un désert de sable située à un carrefour stratégique vers l’Algérie, et tous ses trafics. Dans les étroites ruelles à l’intérieur de la ville, on ne croise pas grand-monde. Kidal n’a certes jamais été très peuplée. Mais, depuis que les combattants se sont affrontés à coup de mortiers dans les rues, fin juillet, les villageois ont pris la route du désert. Le marché n’est qu’un vaste étalage de petits abris en tôle. Désertique. Dans une boulangerie, Haroun Goïta, un commerçant, confie son désarroi. « C’est la crise de la population. Il n’y a personne. Et ceux qui restent n’ont pas d’argent. Alors ici, on fabrique trois sacs de pain par jour. Alors qu’on pourrait enproduire 18. Mais à qui le vendre ? »

Bilal Ag-Cherif, secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et président de la CMA, est l’un des acteurs centraux de cette crise. Ce jour-là, il est assis dans un grand canapé en cuir. Dans la cour du siège MNLA, les munitions s’amoncellent à l’arrière des pick-up. Drapé dans un élégant boubou bleu clair, il pose ses multiples téléphones portables sur une petite table avant de prendre la parole : « Actuellement, le problème concerne tout l’Azawad [nom berbère donné par les populations locales à la partie septentrionale du Mali]. Si on ne trouve pas une solution, il va arriver un moment où nous n’aurons plus d’accord auquel nous référer. »

Initialement parties de Kidal, les dissensions entre les deux groupes se sont finalement propagées, sur fond de tensions entre Touareg ifoghas et imghads qui se font la guerre pour le pouvoir. Les combattants de la Plateforme – constituée en partie d’Ifoghas – sont bien décidés à reprendre Kidal et multiplient les escarmouches dans la région. Plusieurs villages sont déjà tombés entre leurs mains.

Au beau milieu de l’Adrar des Ifoghas, un des plus gros massifs montagneux du Sahara, les combattants ont une longueur d’avance sur les soldats de la paix de l’ONU. La Minusma – 13 000 hommes déployés à partir d’avril 2013 – essaie tant bien que mal de faire tampon, handicapée par un mandat pas assez offensif. « Notre rôle, c’est la protection des civils. Si les groupes armés se battent en dehors des zones urbaines, bien évidemment nous le déplorons. Mais nous sommes là avant pour éviter la propagation des affrontements dans les villes », explique Olivier Salgado, le porte-parole de la mission onusienne. Sur le terrain, les casques bleus se veulent proactifs. Des patrouilles militaires ont été envoyées à Aguelhoc et Tessalit pour dialoguer avec les combattants de la Plateforme. Sans être totalement efficace, le message est clair : « Ne vous approchez pas des villes. »

Drôle de guerre

Les combattants de la Plateforme accusent l’ONU et les Français de Barkhane – le dispositif de lutte contre le terrorisme dans le Sahel – de « protéger les rebelles ». Sur les réseaux sociaux, les velléités guerrières de ces groupes pro-gouvernementaux sont clairement affichées. « L’assaut final sur Kidal n’est plus qu’une question de jour », peut-on lire sur la page Facebook du Gatia, un des principaux groupes armés qui composent la Plateforme. Le leader du Gatia, le général El Hadj Gamou, fait toujours partie de l’armée régulière malienne.
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Source: Le Monde

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