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Au Mali, quelques pistes contre la chute du nombre de voyageurs occidentaux

Après une baisse massive du tourisme, le pays mise sur une clientèle locale, les voyages d’affaires et le marché asiatique.

Jour de crépissage à Djenné. Plusieurs milliers de Maliens se sont levés à l’aube pour recouvrir la grande mosquée d’une nouvelle couche de terre, afin de la protéger avant la saison des pluies. Il y a quelques années encore, cette fête annuelle attirait les curieux du monde entier. Ils ne sont plus que quelques-uns. «Depuis 2012, tous les touristes sont partis,déplore Oumar Tiocari, un des guides officiels. On avait au moins 40 000 visiteurs par an à Djenné. Dorénavant, il n’y en a même pas 10.[…] Ils ont peur de venir, et ils ont raison.»

Coup d’arrêt

«Depuis 2009, et les premiers enlèvements d’Occidentaux, on a assisté à une baisse de la fréquentation», constate Sidy Keita, le directeur général de l’Agence de promotion touristique du Mali. Puis, en 2012, l’occupation du nord du Mali par des groupes jihadistes, le coup d’Etat puis l’intervention française Serval ont définitivement mis un coup d’arrêt au tourisme international. Selon la Banque mondiale, les services liés au tourisme ont chuté de 40 % entre 2011 et 2012, pour tomber à 134 000 visiteurs. «En 2009 à Ségou, nous étions à environ 15 000 arrivées touristiques, et plus de 34 000 nuitées, rappelle Gaoussou Fofana, directeur régional du tourisme et de l’hôtellerie à Ségou. Aujourd’hui, on se retrouve à 6 000 arrivées, et 7 000 nuitées. Des établissements ont même dû fermer. Sur 21 guides, il n’y en a plus qu’un ou deux opérationnels, les autres se sont reconvertis.»

«Il y a un “warning” permanent sur la destination Mali, renchérit Sidy Keita, de nombreuses chancelleries occidentales la déconseillent.»En décembre, un couple de voyageurs italo-canadien a encore été kidnappé près de la frontière malienne, côté Burkina Faso. Sur les trois premiers mois de 2019, 400 civils et 150 militaires, maliens et étrangers, ont été tués dans le pays.

Quatre ans après la signature de l’accord de paix, le tourisme peine à redécoller : moins de 200 000 étrangers ont visité le pays en 2017. Il n’y a plus aucun vol commercial interne. Et les routes vers le centre ou le nord sont peu sûres, sujettes aux braquages ou aux mines artisanales. Seuls quelques touristes étrangers osent se hasarder encore dans le centre. Le secteur s’est donc transformé, et vit surtoutd’un tourisme d’affaires. Les visiteurs sont membres d’organisations internationales, d’ONG, de bailleurs de fonds. «A Ségou, il y a des week-ends où l’on n’a plus de places, à cause des séminaires, des conférences, souvent sur la réconciliation ou la paix», se réjouit Gaoussou Fofana.

Bond

Les autorités espèrent séduire d’autres marchés, comme la clientèle nationale. «Une bonne partie des Maliens fortunés va à l’étranger, ils ne sont pas tentés de visiter les sites touristiques du pays», regrette Sidy Keita. Des campagnes de sensibilisation, des expositions et des séjours scolaires tentent de les attirer. Le marché asiatique intéresse également les autorités. Des tour-opérateurs chinois ont été ainsi invités pour découvrir le Mali. Mais il sera difficile de relancer l’activité sans un bond sécuritaire. «Les grands bassins touristiques (le Pays dogon, Djenné, Tombouctou) sont à l’arrêt, estime Sidy Keita. La crise n’est pas encore derrière nous.»

 

Source: liberation

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