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AU MALI : Il est temps de parler

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Un livre vient de paraître qui retrace les réalisations du régime de GMT (Général Moussa Traoré), du CMLN (Comité Militaire de Libération Nationale) et de l’UDPM (Union Démocratique du Peuple Malien). Il fait polémique et verserait par endroit à de la provocation. À la seule idée d’un livre sur Moussa Traoré, je me suis interrogé : Est-ce un livre de brosse à reluire pour le régime GMT ? Une oeuvre de repentir pour ses auteurs ? Un ouvrage de contribution à l’Histoire du Mali ? À y réfléchir, il y a un peu de tout cela dans ce livre. Acteur du mouvement démocratique, me taire sur le pied-de-nez fait à la dynamique du 26 mars 1991 serait très facile et, de surcroît, s’apparenterait à de la lâcheté. Croiser les doigts aussi et rester dans des débats de grin avec des propos laudatifs sans contradicteurs avisés sur le mouvement démocratique serait encore pire.

Au regard de tout cela, j’ai décidé de prendre ma plume, pour tirer la sonnette d’alarme et interpeller mes aînés du mouvement démocratique plus outillés afin d’instaurer le débat démocratique contradictoire public. Contre ceux-là-mêmes qui tentent de nier les vertus de la démocratie tant bien même qu’ils sont les principaux et les meilleurs bénéficiaires. Ce sont certes de grands diplômés, peut-être même des grands commis de l’Etat mais, ils oublient que les faits sont têtus, les plaies béantes ouvertes par GMT ne sont pas encore cicatrisées. Notre silence ne doit jamais être confondue à l’ignorance, notre calme à l’acceptation, ou notre gentillesse à de la faiblesse. Nous avons encore suffisamment de crédit sur notre compte pour répondre aux coups de griffes ou de gueule des suppôts.

Le 19 novembre 1968 est une sinistre date dans l’histoire du Mali qui ne mérite pas d’être rappelée. Cette date a plongé notre pays dans un gouffre sans fond, dans sa crise identitaire la plus grave de sa jeune existence. Une crise identitaire doublée d’une crise politique grave, ayant entraîné l’effondrement de l’état malien et de ses institutions. Si le coup d’Etat du 19 novembre 1968 se justifiait par le fait que Modibo Keita amenait le pays au bord du précipice, les putschistes ont réussi la prouesse de faire un grand pas pour nous précipiter dans le gouffre abyssal.

D’autre part, le Mali a été victime de la main mise d’individus incompétents et apatrides opposés aux lumières nationalistes.

La plus grande imposture militaro-fasciste s’est installée avec l’effondrement de toutes les valeurs positives incarnées par le digne et fier peuple malien. Cela a eu pour conséquences, l’instauration d’un cycle de mauvaise gouvernance, de non-gestion et de montage institutionnel, le tout basé sur une corruption à ciel ouvert, faite de détournements de fonds publics, de détournements des aides au développement et d’enrichissement illicite.

* GMT-CMLN-UDPM, c’est la disgrâce des intellectuels

Le putsch militaire du 19 novembre 1968, conduit par le comité militaire de libération nationale (CMLN) avec, à sa tête, le lieutenant Moussa Traoré, a instauré dans notre pays, rien que la dictature avec plus tard son système de parti unique, UDPM (union démocratique du Peuple Malien – UDPM-). Ce fût la disgrâce pour tous les intellectuels, les patriotes ou simplement tous ceux qui pensaient autrement le Mali, leur patrie. Surtout avec la persécution des intellectuels notamment les enseignants dont beaucoup seront contraints à l’exil : le cas de Ibrahima Ly est éloquent.

Des fonds importants ont été mis à disposition pour lutter contre la faim, l’analphabétisme et la soif mais, qui ne sont jamais parvenus à destination. C’est le cas des millions de F CFA qui ont été débloqués pour soulager les populations du nord suite à la grande sécheresse de 1972-73 et qui n’ont malheureusement pas empêché des Populations de mourir de faim et de soif chaque jour au Mali.

L’opinion publique malienne et internationale risque d’être encore trompée par cette tentative de réécrire l’histoire récente du pays pour brouiller les vraies pistes. Alors qu’elle est en droit d’apprendre, de comprendre et d’apprécier en toute sérénité et responsabilité. Surtout sa jeunesse qui n’a pas vécu le régime soldatesque de GMT-CMLN-UDPM ni connu les mouvements démocratique révolutionnaire.

Une lecture simpliste de certains documents et des interventions inappropriées dans certains débats de fond constitueront une prime à la dictature et à la terreur que GMT a instauré dans notre pays.

Aujourd’hui, une fois de plus, comme d’habitude, au moment où certains malfrats sont en train de prendre en otage l’intégrité de notre république a Alger, au lieu que l’Elite intellectuelle se ressaisisse de ses erreurs en aidant le peuple malien à s’assumer et à s’affirmer, en créant les conditions d’une dignité à la hauteur de ses rêves, certains continuent leurs sales jeux avec les politiciens les plus responsables de la crise que notre pays traverse.

Cette tentative de réécrire l’histoire récente du pays est très méchante, égoïste, sans pitié, inhumaine, …… Un tel acte ne doit pas être toléré car il porte atteinte à la dignité et à la pudeur du peuple malien, un peuple tolérant.

La démagogie de ces “ intellectuels” dont le seul mérite aura été de collaborer avec une soldatesque pour étouffer les débats d’idées et asseoir leur toile d’araignée sur le pays afin de mieux le piller au propre comme au figuré.

Il est plus qu’impérieux que ces intellos amnésiques se mettent au pas de l’histoire du Mali sous peine d’être guillotinés par le vrai détenteur de la réalité, à la fois victimes et contemplateurs.

Nous avons une responsabilité morale envers ce pays. Nous avons une dette morale envers les milliers de maliens, victimes innocentes de GMT. Nous avons un compte à rendre à ce peuple larmoyant, qui a subi silencieusement les blessures et les meurtrissures du régime GMT avec des longs mois sans salaires, avec des humiliations de chefs de familles, avec des déportations, avec le désespoir comme raison de vivre. Alors, nous nous devons de voler au secours de ces milliers d’anonymes qui ont été marginalisés, volés, violés, bafoués par des apatrides militaire-intello-politiques. Nous devons refuser de laisser notre pays dans les mains de ces dinosaures politiques et intellectuels.

Modibo Keita, le tout premier Président du Mali indépendant devant qui le Géant De Gaulle de la République Française était obligé de relever la tête, a été humiliée, trimbalé et assassiné. Abdoul Karim Camara dit. Cabral, leader estudiantin a été torturé et froidement assassiné. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés et leurs tombes jamais identifiées.

Sans jugement, beaucoup de maliens ont été maintenus au secret pendant de longs mois, humiliés et torturés parce qu’ils ne sont pas d’accord avec le régime GMT-CMLN-UDPM dont Jean Bosco Konaré, l’un des auteurs du livre. Une bonne partie des gens déportés au nord ont succombé dans les mines de Taoudenit, exploité à ciel ouvert avec des instruments dignes du Moyen-âge, là où les détenus travaillent, pieds nus, par 40°C et plus. En Mars 1971, le Capitaine Yoro Diakité, premier chef du gouvernement de l’ère GMT et le Capitaine Malick Diallo sont arrêtés, dégradés et condamnés aux travaux forcés pour tentative de Coup d’Etat. Yoro Diakité meurt dans des conditions atroces.

Boniface Diarra, responsable de l’ENA est arrêté en Février 1977, parce qu’il avait organisé les étudiants à protester contre un décret gouvernemental modifiant les conditions d’accès des étudiants aux écoles supérieures en instituant le concours direct pour tous les étudiants.

 

* Mali sous GMT : Le fascisme sous son visage le plus hideux

C’est sous le régime GMT-CMLN-UDPM que tous les établissements secondaires et supérieurs du pays sont fermés pour la première fois et occupés par l’armée, la police et la gendarmerie nationales. C’est le parti UDPM « de type fasciste » qui a décidé de la dissolution de l’Uneem.

C’est ce régime qui, à la suite de la guerre contre le Burkina Faso, à travers le Général Moussa TRAORE, a accusé les enseignants maliens d’être soutenus et financés par le Burkina pour mener des activités subversives sur le territoire national. Et pourtant Pr. Singaré, Konaré et Kanouté sont des enseignants. Solidarité de corps, qu’en faisons-nous ?

Pendant les vingt-trois ans du régime GMT-CMLN-UDPM, la répression n’a pas été seulement physique au Mali, elle a été aussi morale par les licenciements collectifs et individuels (la fermeture de la Compagnie Air Mali, de la Somiex, des sociétés et entreprises d’état, les compressions successives de personnels, les départs « forcés » à la retraite, etc.), par les mutations arbitraires et le non paiement des salaries, les impositions de toutes sortes pour les paysans et commerçants. Ce sont là des faits que personne ne peut et ne doit gommer. Le 26 mars 1991 ne saurait se résumer à un « POUR » ou « CONTRE », il n’est pas un accident de parcours; c’est l’aboutissement de luttes silencieuses et ouvertes contre l’injustice, l’arrogance, la violence comme méthodes de gouvernance. C’est la dénonciation des traitements dégradants et inhumains administrés aux maliens dont le seul tort était de vouloir s’exprimer autrement sur la gouvernant de leur pays. Non, l’ex Général Moussa Traoré ne peut pas être un Grand Républicain. Il a été et demeure le boucher des maliens, l’assassin de Modibo Keita, de Cabral, de Dibi Sylla (il a été livré à ceux qu’il a combattu farouchement pour l’intégrité, l’unité, l’unicité et l’honneur du Mali). Ça été un lapsus qui doit vite être oublié. Quand le Comité Militaire de Libération Nationale (CMLN) appelle les Maliens à se prononcer le 2 Juin 1974 par référendum pour légaliser « sa » Constitution inique, taillée sur mesure, le « Regroupement des Patriotes Maliens » appelle le peuple souverain du Mali indépendant à voter Non à travers un tract largement diffusé sur le territoire. Par la suite, Ibrahim Ly, Professeur à l’ENSUP, père de Oumar Tatam Ly (1er PM d’IBK); Adama Samassékou, Linguiste; Mouhamédou Dicko, Professeur au Lycée Askia Mohamed; Samba Sidibé, Ingénieur TP; Cyr Mathieu Samaké, Directeur général du Liptako-Gourma; Bakari Koniba Traoré, Economiste; entre autres, tous proches collaborateurs d’IBK sont arrêtés, déportés et torturés avec des séquelles souvent irréversibles.

On peut pardonner mais on n’oubliera jamais. Même si le « gars » n’a jamais regretté ces actes inhumains sus mentionnés, car il n’a pas encore demandé pardon au peuple malien encore moins aux parents et collatéraux de ses victimes. Le débat est ouvert et je n’ai aucune honte à avoir participé au mouvement démocratique révolutionnaire de mars 1991. Car le Mali ne méritait pas Moussa Traoré même si on doit admettre qu’il a été un Géant Monstre Tentaculaire. Nos vies commencent à décliner le jour où l’on devient silencieux à propos des choses qui importent, avait dit Martin Luther King.

Honnorable Yaya Sangaré

Député à l’Assemblée nationale du Mali

Bamako

 

Source: lesechos

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