On sent une odeur de « magouille ou de favoritisme » dans l’attribution du permis de recherches à la société « Little Big Mining » à Menankoto dans le cercle de Kéniéba au détriment de B2 Gold (société canadienne) et son partenaire malien (Société ingénierie, informatique, exploitation minière (S2IEM). Après avoir investi près de 16 milliards de F CFA sur le site, qui est à la phase de l’exploitation du gisement, la direction nationale de la géologie et des mines n’a pas voulu renouveler ledit permis. Il y a beaucoup de non-dits dans ce dossier, qui risque de créer un incident diplomatique entre le Mali et le Canada. Le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, est dans de sales draps. Il est temps qu’il se ressaisisse avant qu’il soit trop retard.
L’’affaire d’attribution de permis de recherches à la société « Little Big Mining » à Menankoto dans le cercle de Kéniéba est une véritable bombe à retardement, qui risque d’exploser et de défrayer la chronique dans les milieux des affaires et diplomatiques. Il y a les relents de magouille ou de favoritisme dans ce dossier d’attribution de permis. Est-ce que toutes les procédures ont été respectées ? Est-ce que la société « Little Big Mining » répond aux critères d’attributions ? Est-ce que le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau a un lien avec les actionnaires de Little Big Mining ? Pourquoi la direction nationale de la géologie et des mines (DNGM) a refusé d’accorder une prolongation d’un an à B2 Gold et son partenaire ? Autant de questions sur toutes les lèvres de tous ceux qui sont au courant de l’affaire.
En fait, le permis d’exploitation de Menankoto avait été attribué à la Société ingénierie, informatique, exploitation minière (S2IEM) de droit malien et créée depuis 2007. Pour mener à bien ce projet, la société, dirigée aujourd’hui par Yacouba Soumaré, a pu convaincre B2 Gold, qui est une société canadienne très connue dans le domaine aurifère qui dispose d’une mine déjà opérationnelle à Fekola, toujours à Kéniéba, non loin du site de Menankoto. Du coup, un contrat a été signé entre eux. Dans ce contrat tripartite, tout est défini : les parts de l’Etat, de la S2IEM et de B2 Gold.
Avec tous les risques, la société B2Gold a accepté d’investir à hauteur de plusieurs milliards de nos francs de 2014 à 2021 afin de mettre en valeur le site. On parle de 16 milliards de FCFA. Et aujourd’hui, B2 Gold et son partenaire malien sont à la phase d’exploitation du gisement. C’est à ce moment précis que le véritable problème a commencé à cause du non-renouvellement du permis d’exploitation.
En fait, dans l’ancien code minier, la validité du permis est de 7 ans, selon Yacouba Soumaré, avec une prolongation d’un an. Et ce code a été changé avec celui de 2019 où la validité est de 9 ans. Malheureusement, B2 Gold et son partenaire n’ont pu bénéficier d’aucun renouvèlement, malgré les assurances du ministre en charge des Mines, Lamine Seydou Traoré. « Quand nous avons rencontré le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau pour lui expliquer le problème, il nous a dit que ce n’est pas possible qu’on nous retire notre permis. Donc, de faire une demande pour le renouvellement. Malheureusement, à notre grande surprise, le même permis a été attribué à une autre société », dira Yacouba Soumaré.
Faute de renouvellement, B2 Gold et son partenaire S2IEM ont vu leur permis attribué à « Little Big Mining », une société nouvellement créée et qui n’a aucune expérience en la matière. Qui sont les actionnaires de cette société ? Là gît la question fondamentale.
En fait, il s’agit de deux jeunes opérateurs économiques dans différents domaines d’activité. Le premier actionnaire s’appelle Mamadou Yara, très connu dans les milieux des hydrocarbures puisqu’il est le PDG de Yara Oil et Fils de Dionké Yaranangoré, tandis que le second actionnaire porte le nom de Yaya Yattassaye, administrateur de société très connu dans le milieu des BTP à travers sa société Toka Aluminium.
Approché par nos soins, l’un des responsables de « Little Big Mining » nous a précisé que la société a bel et bien reçu le permis d’exploitation à Menankoto dans les règles de l’art. « En fait, pour nous, cette affaire est un faux problème. Nous, nous n’avons rien à voir avec B2 Gold et son partenaire. Nous avons seulement demandé un permis d’exploitation et il nous a été attribué, tout en respectant les procédures. Puisque le permis en question était tombé dans le domaine public où tout Malien pouvait le récupérer.
C’est pour vous dire que le permis n’a pas été retiré, il est tout simplement tombé dans le domaine public. Et la direction nationale de la géologie et des mines est dans son rôle de réattribuer ledit permis. C’est pour vous dire que nous avons reçu notre permis dans la légalité et dans les règles de l’art. Nous sommes dans un Etat de droit », a détaillé notre interlocuteur.
Dans cette affaire, le ministre des Mines, Lamine Seydou Traoré, est soupçonné d’avoir soutenu ou appuyé la société « Little Big Mining », créée de toutes pièces pour bénéficier de ce permis d’exploitation.
En vue de recouper l’information, nous avons tenté de joindre le ministre Lamine Seydou Traoré à travers son chargé à la communication, Baye Coulibaly. Ce dernier nous a précisé que « le ministre est trop pris cette semaine. Il a des rencontres avec le Conseil national de transition. Par conséquent, je vais te proposer le chef de cabinet ou le conseiller technique chargé des questions juridiques, qui maitrise le sujet ».
Le hic est que nous n’avons pu rencontrer le conseiller en question, Diadié Amadou Kéïta, qui nous avait pourtant fixé rendez-vous à 15 h, mercredi. Et il avait promis aussi de nous rappeler pour que nous puissions échanger sur le dossier. En vain !
En tout cas, un autre nom est cité dans ce dossier, qui serait l’un des cousins du ministre Lamine Seydou Traoré. Il s’agit bien d’Aboubacar Traoré, ingénieur de son état.
De toute façon, cette affaire est une bombe à retardement pour le gouvernement de la Transition puisque, selon nos informations, le permis a été délivré à la société « Little Big Mining » sous l’avis contraire du Premier ministre Moctar Ouane. En d’autres termes, le chef du gouvernement était partant pour le renouvellement du permis au profit de B2 Gold, une société canadienne. Et on sait bel et bien que le Canada est un partenaire privilégié du Mali dans certains domaines, notamment dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Cela à travers son soutien au Bureau du Vérificateur général et aujourd’hui avec l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei).
Aujourd’hui, B2Gold est la seule société canadienne qui opère au Mali dans le domaine aurifère avec plusieurs permis. Cette entreprise citoyenne contribue beaucoup à l’économie nationale. Et dire qu’on veut l’empêcher à aller de l’avant ! C’est scandaleux !
El hadj A. B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali