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Attaques jihadistes : la réponse par le feu

Depuis début juin, les mouvements islamistes et particulièrement Ansar Dine, refont parler d’eux. Ils multiplient les attaques, semant la mort et la peur. L’armée malienne répond au coup-par-coup

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« Au nord, ils ne peuvent plus rien faire. Avec les FAMa qui ont repris du terrain, avec Barkhane et les autres troupes de la MINUSMA, ils sont obligés de se trouver d’autres territoires », affirme un officier sous-couvert de l’anonymat. « Personne n’est plus en sécurité au Mali car nous vivons chaque jour avec la peur d’une éventuelle attaque » se lamente de son côté Aly Traoré, menuisier à Baco Djicoroni. Ces propos résument assez bien ce que pensent aujourd’hui les Maliens de la nouvelle vague d’attaques jihadistes au sud du Mali. Diabali, Tominian, Fakola, Kolondiéba, Nara… la liste n’est pas exhaustive et le fait qu’elle ne cesse de s’allonger inquiète, du sommet de l’Etat au citoyen lambda. Le mode opératoire est le même : attaque éclair, assassinat ciblé, départ et si possible retour sur place. Objectif avoué, imposer la charia, et selon bon nombre d’observateurs, trouver d’autres voies pour continuer à faire prospérer les trafics de toutes sortes.

Une différence cependant avec Janvier 2012, où Konna, et le Mali avec elle, tremblait devant l’avancée des jihadistes : la réponse « rapide et ferme » des forces armées et de sécurité. Les FAMa, comme on les appelle, ont réussi à circonscrire la menace et ont mené des opérations sur le terrain pour détruire les bases repérées des islamistes.

Un plan de conquête du sud ?
16 Juillet 2015. Des explosions retentissent dans la forêt de Sama, près de Sikasso. L’armée malienne vient de procéder au démantèlement d’un camp d’entraînement de jihadistes. Bilan, une trentaine de jihadistes tués, quinze autres arrêtés, des motos, des armes ainsi que des munitions saisies ainsi qu’un cahier sur lequel est dessinée la carte de la forêt.. Cette opération fait suite à une autre qui avait permis de ratisser la zone le 11 juillet. Depuis le 10 juin, la zone est en alerte maximale. Ce jour-là, à Misséni, près de la frontière avec la Côte d’Ivoire, des hommes puissamment armés tuent un gendarme, incendient des véhicules. Pas de revendication mais le drapeau noir que les assaillants hissent dans le camp militaire avant de disparaître indique clairement que ce sont des jihadistes. Le 28, toujours dans la région de Sikasso, des individus prennent pendant quelques heures le contrôle de la ville de Fakola, avant de se replier. Un drapeau noir portant l’inscription « Ansar Dine-Sud » a été retrouvé à la mairie de la ville. Le 9 juillet, un homme en provenance de Gao et qui se dirigeait vers Bamako est arrêté. Il assure être un émissaire d’Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Dine. Le 13, vingt personnes suspectées de vouloir rejoindre les groupes insurgés sont arrêtées au poste-frontière de Zégoua, à bord d’un car en provenance de Côte d’Ivoire. Parmi eux, treize Mauritaniens, deux Maliens, deux Français et trois binationaux franco-maliens. Sur l’un des suspects, se trouvaient de nombreux téléphones portables ainsi que des radios-cassettes. Ces vingt hommes, finalement reconnus membres de la Dawa, ont depuis été relâchés, après avoir été longuement interrogés à Bamako.

De nombreux signaux d’une activité terroriste dans cette zone qui jusque là n’avait pas connu d’évènements de ce genre. Pour Serge Daniel, journaliste-écrivain, interrogé par Studio Tamani, « le principe des mouvements jihadistes est de s’installer là où il n’y a pas de sécurité renforcée ». Prenant l’exemple de la localité de Diamakan, il explique que « la zone de Tominian, c’est un peu le ventre mou de la sécurité dans la zone […], il est facile d’en faire une base». « Ce qui se passe aujourd’hui au sud, c’est un plan savamment monté que les jihadistes sont en train d’appliquer. En plus, ils ne peuvent plus remonter dans le nord, c’est plus facile pour eux de se métastaser dans le sud», conclu le journaliste. Au ministère de la Défense, la question est tranchée et il est clair que les groupes jihadistes qui d’étaient attaqués aux régions nord du Mali en 2012 n’ont pas démordu et entendent imposer leur volonté politique au moyen de la violence.

Vigilance et prudence
Cette situation, les autorités maliennes l’ont prise à bras le corps et mettent tout en œuvre pour y faire face efficacement. A commencer par la mise en condition des troupes afin qu’elles soient le plus à l’aise possible au front. Un soldat sur le front à Léré témoigne : « nous avons reçu des équipements neufs, trois jeux complets de tenue et des armes. Nous faisons des patrouilles de jour comme de nuit pour empêcher toute infiltration par la frontière. Aujourd’hui, on peut dire que Léré est plus sécurisée que Bamako, toutes les compagnies ont des hommes ici, à part l’armée de l’air ». Aux frontières avec le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, les patrouilles conjointes s’organisent pour sécuriser ces zones hautement sensibles. De quoi rassurer des populations que la menace jihadiste a fait fuir, comme c’est le cas à Diamakan. « Ils ont aussi proféré des menaces à l’endroit de tous les non-musulmans et dit qu’ils ont une liste », s’inquiète l’honorable Abdoulaye Dembélé, élu de la localité.

« Nous ne sommes pas trop informés sur la dangerosité de la menace  », se plaint pourtant un habitant de Yanfolila, joint par téléphone. Il est vrai qu’au Mali, il n’existe aucune catégorisation officielle du risque terroriste, comme en France par exemple, où le plan Vigipirate, mis en place depuis 1995, est un outil alimenté par l’évaluation de la menace terroriste faite par les services de renseignement. Selon le commandant Sibiry Konaté de la Direction de
l’Information et des Relations publiques des armées (DIRPA), on peut dire qu’aujourd’hui « l’alerte est maximale ». Ce qui se caractérise par une très grande vigi-lance et prudence de toutes les forces de
défense et de sécurité, à travers un dis-positif dont le déploiement va s’intensifier dans les jours à venir ». Une nécessité, car la force des djihadistes réside dans le fait qu’ils tissent des réseaux afin d’avoir des informateurs un peu partout.

Mais si tous les regards sont désormais braqués sur le sud du Mali, les régions du nord n’en demeurent pas moins sous la menace des mouvements islamistes. L’attaque d’un convoi des FAMa à 30 km de Gao ce 21juillet est venu le prouver à suffisance

Par MLSIDIBE

Source : la rédaction

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