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Attaque suicide au Mali : les efforts de paix menacés

Trois jours après la visite de François Hollande à Gao, un attentat suicide – le plus meurtrier de l’histoire du pays – a fait plus de 60 morts dans un camp d’ex-combattants rebelles. Les djihadistes cherchent encore à déstabiliser le Nord-Mali.

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« Les terroristes ne contrôlent plus aucun territoire (au Mali), la démocratie a repris son cours, les élections ont eu lieu…, l’économie repart et la réconciliation avec les accords d’Alger est en cours. » Ce tableau, plutôt flatteur, avait été dressé le 14 janvier dernier par François Hollande lors du sommet Afrique-France à Bamako. Le bilan sécuritaire du Mali, surtout au nord, est pourtant beaucoup plus contrasté que ne l’a laissé entendre le président français. L’attentat, qui a fait plus de 60 morts et plus de 115 blessés hier à Gao, et que le chef de l’État a immédiatement « condamné sans réserve et avec la plus grande fermeté » , est venu le rappeler. Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères, a estimé que cette attaque suicide avait « un sens politique ». « C’est une atteinte directe au processus de paix » , a émis, pour sa part, le Français Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Des attentats presque quotidiens

L’attentat a été revendiqué par Al-Mourabitoune, groupe djihadiste lié à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Un ou plusieurs kamikazes, à bord de véhicules faussement siglés, ont explosé à proximité du camp militaire du MOC (mécanisme opérationnel de coordination), mis en place pour garantir l’accord de paix signé à Alger en mai-juin 2015. Ce sont ces patrouilles « mixtes » , prévues par l’accord, et composées de combattants touaregs appartenant à la CMA (coordination des mouvements de l’Azawad) et de soldats pro-gouvernementaux, qui ont clairement été visées hier. Elles démarraient juste leurs opérations de sécurisation dans le Nord-Mali. Après bien des atermoiements, et des menaces reçues par ces participants à l’effort de paix. « Certains combattants venant de Kidal ou Ber (région de Tombouctou) ont été bloqués durant à peu près une semaine à la sortie de Gao par d’autres groupes » , nous a décrit hier depuis Niamey (Niger) Sidi Kounta, sociologue et fin connaisseur du djihadisme au Sahel, et qui avait quitté Gao mardi. Seule, l’intervention des militaires français de Barkhane et de la Minusma (mission de l’ONU au Mali) a convaincu les combattants de rester. Les soldats français installés sur l’aéroport de Gao, où avait transité samedi dernier François Hollande, « sont très visibles dans cette ville » , reconnaît le spécialiste, « pour autant, ils n’ont pas pu empêcher l’enlèvement de l’humanitaire franco-suisse Sophie Pétronin le 24 décembre, ni de multiples attentats ».

Le pays en deuil, 4 ans après le début de Serval

À qui profite celui d’hier, le plus meurtrier de l’histoire du Mali ? Pour l’expert de la lutte armée dans le désert, cela ne fait aucun doute. « Les djihadistes n’ont pas intérêt à ce que ces patrouilles mixtes commencent » , affirme Sidi Kounta, « le MOC a en effet pour but de cibler les bandits armés et les trafiquants, mais la première reste les djihadistes ». Ces derniers, qui cherchent à « déstabiliser le Nord, sont les mêmes qui revendiquent des attaques presque chaque semaine » , soutient-il. Le 13 janvier, jour de l’arrivée de François Hollande au Mali, une attaque, menée contre l’aéroport de Tombouctou, avait été revendiquée par AQMI. Après celle de Gao, un deuil national de trois jours a été annoncé par le président Ibrahim Boubacar Keïta. Quatre ans presque jour pour jour après le lancement de l’opération militaire française Serval.

 

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