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APRÈS-OUATTARA: le flou demeure

En Côte d’Ivoire, si Alassane Ouattara a déjà laissé entendre qu’il se conformera à la constitution, en rendant le tablier à la fin de son second et dernier bail en cours, il y a qu’on assiste à toutes sortes de supputations au sujet de son successeur. Vu qu’aucune personnalité ne se démarque dans ce sens. Et en cela, le 3ème congrès du Rassemblement des républicains (RDR, parti au pouvoir) de ce week-end n’aura pas permis d’en savoir davantage. Le président ivoirien a mis un point d’honneur à brouiller les pistes. Il voudrait sans doute se donner le temps de préparer le terrain. Sauf que des prétendants, cédant à l’empressement ou se prévalant de frustrations, pourraient déjouer les cartes et précipiter les choses.

alassane dramane ouattara chef etat cote ivoire

Motifs de satisfaction

A l’heure du bilan, il y a quelques motifs de se réjouir du congrès du RDR qui a pris fin hier à Abidjan. Au premier d’entre ces motifs, nous avons ce refus poli du président ivoirien de revenir à la tête du parti au pouvoir. Sous nos cieux, c’est une attitude suffisamment rare pour être citée. Surtout qu’avec la nouvelle constitution ivoirienne, ADO n’aurait eu aucun problème à cumuler les deux fonctions. Encore qu’à 75 ans et après deux mandats à la tête du pays, c’est le seul choix raisonnable qu’Alassane Ouattara avait à faire. A ce premier motif, s’ajoute un second qui donne également droit à des félicitations au président ivoirien. C’est le fait qu’il ait adoubé Henriette Diabaté pour reprendre les rênes du parti. Un tel niveau de responsabilité pour une femme et dans un parti dont elle n’est pas fondatrice, ce n’est pas non plus ce qui court les rues en Afrique. Dans cette autre décision, la loyauté et le militantisme de la nouvelle présidente du RDR ont sans doute compté. Mais le clin d’œil du président ivoirien au combat des femmes y est également pour quelque chose. D’autant qu’en plus d’Henriette Diabaté, on assiste à une féminisation et à un rajeunissement de la direction du parti. En dessous, il y a une vision et un pari sur le futur.

Objectif : brouiller les pistes

Cependant, sur sa propre succession qui était l’autre enjeu de cette assemblée politique, Alassane Ouattara s’est abstenu de donner le moindre indice. En fait, il s’est même employé à brouiller les pistes. D’abord, on a l’absence remarquée du président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, grand artisan de la victoire de 2011 et jusqu’à dernièrement, pressenti comme potentiel successeur du président Ouattara. Alors qu’on avait cru entrevoir un semblant de réconciliation entre ADO et Soro, le fait que le second n’ait pas été associé à ce congrès est de nature à susciter de nouvelles interrogations. Par ailleurs, en renouvelant son souhait en faveur d’un RHDP unifié, le président ivoirien semble ramer à contre-courant de bien de responsables de son propre camp politique. De fait, cette volonté de maintenir le tandem RDR-PDCI a de quoi redonner de l’espoir aux proches de Henri Konan Bédié. En effet, l’ancien président ivoirien, conformément à un deal tacite entre lui et Alassane Ouattara, espère placer un des siens comme candidat de la coalition commune en 2020. Or, une telle perspective est loin d’être partagée au sein du RDR.

Appétits et enjeux

Comme on le voit, Ouattara se garde bien de se prononcer. Conscient des appétits et des enjeux, il voudrait se donner le temps et de choisir le meilleur moment. Mais d’ici-là, quelques-uns pourraient interpréter certains signaux et agir en conséquence. On pense bien entendu à Guillaume Soro qui, s’il s’est dernièrement présenté en rassembleur, a néanmoins dans son sillage un mouvement au nom plutôt évocateur : l’Amicale des Forces Nouvelles (AFN). Sur la même lancée, on imagine que certains barons du RDR ne laisseront pas ADO faire les choses à sa seule convenance. Ceux-là, soucieux de préserver leurs intérêts, pourraient exiger de lui qu’il prenne en compte ceux du parti. C’est dire que pour la Côte d’Ivoire, les prochains mois seront très délicats, en ce sens que les choix que les acteurs sont appelés à faire détermineront l’avenir immédiat et lointain du pays. Alors même que des velléités de sa déstabilisation sont publiquement évoquées.

Boubacar Sanso Barry

 

Source: ledjely

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