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Application de la peine de mort : Un faux débat ?

Alors que la dernière exécution au Mali remonte aux années 1980,  la société civile avec en tête le Haut Conseil Islamique revendique, depuis quelque temps, l’application de la peine de mort dans notre pays.  Cela fait suite à la recrudescence des crimes dans la capitale, dont celui  contre un Imam. Qu’en pensent les populations et les Défenseurs des Droits de l’Homme ? 

Comme une épidémie, la capitale malienne est frappée depuis bientôt un mois par une série de crimes odieux qui n’épargne personne. Un Imam, membre du Haut Conseil Islamique, a été poignardé à mort. Si le coupable s’est ensuite rendu aux forces de police, les raisons sont encore floues. Pour mettre fin à ce phénomène, certains demandent l’application de la peine de mort. Récemment, des organisations de la société civile avec en tête des organisations musulmanes se sont regroupées pour revendiquer l’application de la peine de mort au Mali. Pour eux, la raison est toute simple, son application pourrait mettre un frein au phénomène. «L’Imam Mahmoud Dicko en tant que Président du Haut Conseil Islamique ne s’est pas prononcé sur le sujet, mais un collectif des associations qui estiment que la recrudescence de la violence est telle qu’aujourd’hui on estime de revendiquer l’application de la peine de mort. Mais, en tant que musulmans, nous ne pouvons pas nous dissocier de cette démarche sur le fond. Maintenant la forme, nous sommes dans un pays, il y a des institutions, il faut réfléchir sur la gouvernance au niveau de l’État », a déclaré  Issa Kaou Djim, porte-parole du Président du Haut Conseil Islamique. Le pas alerte, transpirant à grosses gouttes sous un soleil de plomb, l’avis de Bourama croisé au niveau du Centre International de Conférences de Bamako sur la question est sans équivoque : «Il faut tuer celui qui est capable de tuer son prochain de sang-froid. Ce dernier ne doit pas vivre parmi les Humains au risque de reprendre son acte ». Toutefois, il prévient: «Il faudra que l’on soit sûre que celui à qui l’on applique la peine de mort est le véritable coupable».

Recul démocratique ?

Dans un pays en crise comme le Mali, il n’est pas réfléchi, selon des observateurs, de faire recours à l’application de cette peine qui  peut, selon eux, être utilisée comme une arme de vengeance. Ce qui ne manquera pas d’envoyer à la guillotine bon nombre d’innocents. Or, «mieux vaut laisser libres dix coupables que de tuer un seul innocent», renchérit Idrissa Traoré, Chargé de programmes à l’association Malienne des Droits de l’Homme. Selon lui, l’application de la peine de mort n’est pas forcément une bonne méthode pour lutter contre la criminalité. Il en veut pour preuve, l’application de cette peine aux États-Unis et en Afrique du Sud sans que cela n’ait une incidence sur le taux de criminalités dans ces pays. Il privilégie plutôt une éducation civique, pour amener à un changement de comportements positif. Journaliste à la chaîne de télévision Renouveau, Oumar Sidibé estime lui aussi que faire appliquer la peine de mort correspondrait à un « recule » démocratique.

La justice comme solution

La crainte de voir la peine appliquée à des innocents trouve son explication dans la « contestation » quasi systématique des décisions de justice par les justiciables. Selon Oumar Sidibé, il faudrait qu’au lieu de la peine de mort, la justice redore son blason afin de rendre des décisions justes. Il est certain que si la justice y parvient, l’on n’entendra plus parler de l’application de la peine de mort.  Tout comme lui, sont nombreux ceux qui pensent que la revendication de la peine de mort est justifiée par  les mauvaises décisions de justice et l’impunité dont bénéficient certains Responsables et criminels.

Mohamed Sangoulé DAGNOKO

 LE COMBAT

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