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ALLOCUTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE: Cérémonie d’ouverture de la Conférence d’Entente Nationale Bamako, 27 mars 2017

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Je  voudrais  tout  d’abord  souhaiter  la  bienvenue  la  plus chaleureuse à tous les participants à la Conférence d’Entente Nationale.  Je  remercie tout particulièrement ceux qui ont fait  un  long  déplacement  pour  se  joindre  à  notre  grand dialogue inter malien. Leur mobilisation apporte une fois de plus le témoignage que rien de ce qui relève de l’intérêt de la  Nation n’est indifférent aux filles et aux fils de notre pays.

Nous  ne  compterons  pas ! Nous ne nous compterons pas, parce que la maison familiale n’est jamais assez pleine pour recevoir chaque enfant du même père et de la même mère, de « La Mère-Patrie ». Vous retrouver tous ici, ce jour, est, pour moi, un privilège sans nom, et une source de grande fierté à la fois. Voilà qui conforte notre espérance, quant à la capacité de notre peuple à se rassembler. Certes, il manquera toujours quelques noms à l’appel,  car dans la  maison familiale,  il reste  toujours quelques places vides.

 

A  ceux-là et à tous les autres qui n’auront pu être là, je rappelle que cette Conférence d’Entente Nationale est un train  qui  démarre. Et ceux qui ne l’auront pas pris dans cette  gare  peuvent  toujours  le  rattraper  à  une  autre  gare,  à une  autre  station.  L’essentiel  est  qu’à  l’arrivée,  toute  la famille  soit  réunie.  Et  la  dernière  gare,  le terminus de ce voyage porte le nom : Entente Nationale. Comment  remercier  ceux  qui  sont  là ? En particulier ceux pour  qui  les  réunions familiales sont sacrées, et qui sont toujours là, qu’il pleuve ou qu’il vente, même lorsqu’ils ont quelques  colères, parce  que  c’est  en  famille  que  se  lave  le linge sale, et non dehors.  Un  immense  merci  à  vous  qui  avez  dépassé  vos  éventuels ressentiments, peut-être même vos rancœurs, pour être là, parce que ce qui va se jouer ici est bien plus important que nos colères, grandes ou  petites, bien  plus essentiel que nos états d’âme. Un immense merci, également, à ceux qui sont là  et  qui  se  le  verront  reprocher par ceux pour qui l’adversaire politique ne peut être qu’un ennemi.  Merci  pour  votre  courage,  Chères  Sœurs  et  Chers Frères !

 

Une pensée triste et affectueuse pour ceux qui auraient aimé être là, mais qui craignent de devoir le payer très cher, parce que telle est la règle, dans le parti, l’organisation, le groupe dont ils sont membres, car dans leur monde, saluer, tendre la main à un frère avec qui l’on a un désaccord, c’est trahir. Ce  qui  nous  réunit  ici  est  bel  et  bien  une  Conférence d’Entente  Nationale,  où  devraient  se  régler  tous  les différends, surmonter toutes les rancœurs. Si nous ne nous retrouvons  pas  ici,  où  donc  nous  retrouverons-nous,  un jour ?

Nous sommes tous les enfants d’une même mère, et la nôtre, en l’occurrence, est une Mère-Patrie et se  nomme Mali, République du Mali !

 

Certes, il faut à cette vieille mère quelqu’un pour veiller sur elle  jour  et  nuit,  et  c’est  un  Président,  qui  se  trouve  être, aujourd’hui, ma modeste personne.  Et, croyez moi,  cette grande famille est exigeante. Pour mériter de se voir confier la garde de la Mère, il vaut mieux, dans ses comportements d’hier et d’aujourd’hui, avoir fait preuve de constance et de présence.  Dans  quelle  famille  laisserait-on  la  garde  de  la vieille  mère  à  un  fils capricieux,  qui  déserte  la  maison chaque fois qu’il est mécontent, à une fille inconstante, qui  boude  et  disparaît  chaque  fois  qu’elle  a  une  petite contrariété ?

 

Sachons  donc,  par  notre  exemplarité,  notre  rigueur,  notre constance  en  toute circonstance,  mériter  la  confiance  de  la famille pour mériter la garde de la vieille mère, l’Etat. Notre égoïsme  et  nos  incohérences  d’aujourd’hui,  peuvent facilement  nous disqualifier  et nous  rendre indigne  de  la garde de la mère !

 

Je ne serai pas celui qui jettera la première pierre. Mais, que chacun,  en  son  âme  et  conscience,  en  permanence,  se demande en quoi ses postures enrichissent la démocratie, en  quoi  les  actes  qu’il  pose  contribuent  à  l’essor  de  la nation malienne. Je  faillirais  à  mon  devoir,  si  je  ne  déplorais  pas,  ici, certaines absences et le discours qui les justifie. L’actualité, les événements de par le monde, nous rappellent chaque  jour  qu’il  n’y  a  pas  une  minute  à  perdre,  lorsqu’il s’agit  de  protéger  notre  pays,  notre  peuple,  en  particulier contre le terrorisme et les diverses autres menaces du siècle nouveau.

Nous sommes, tous, la progéniture de la même Mère-Patrie. Les  uns  ne  sont  ni  meilleurs  ni  pires  que  les  autres.  Et  le respect,  la  considération  que  nous  devons,  les  uns  aux  autres,  implique  que  nous  sachions  respecter  le  travail  des autres.  En  ayant  à  l’esprit  que  même  le  travail  le  plus consciencieux  peut  comporter  et  comporte  toujours quelques imperfections.

 

Aussi, même en étant rivaux dans le combat politique, nous ne devons jamais perdre de vue que, sur cette terre du Mali, la  démocratie  n’approchera  les  abords  de  la  perfection  que lorsque  chacun  comprendra  qu’il  lui  appartient  d’apporter constamment  ses  idées  et  son  talent  à  l’œuvre  de  la Perfection Patriotique.  C’est l’addition de nos talents et de nos différences qui nous permettra d’enrichir la construction de la démocratie sur cette  terre  sacrée.  Et  l’on  ne  peut  espérer  bâtir  une  grande nation en se tenant à l’écart, en dehors, chaque fois que l’on n’est pas satisfait. Ou, pire, affirmer que l’on a en réserve ce qu’il faut pour améliorer l’Etat et les conditions de vie des Maliens, mais que, pour que notre peuple puisse en profiter, il devra attendre que vous arriviez aux responsabilités. Non, la nation se  construit sur la durée,  et ce que vous ferez viendra s’ajouter, dans la continuité, à ce qu’auront fait vos prédécesseurs.  Si  vous  pouvez  aider  votre  patrie,  votre peuple, c’est ici, maintenant qu’il faut le faire.

 

Le chantier  est ouvert, et le  devoir nous  y appelle tous, autant que nous sommes!

 

La  meilleure  des  organisations  comporte  toujours  des failles.  Le  travail  des  plus  grands  génies  présente  toujours quelques insuffisances, et l’on ne refuse pas d’assister à un important événement familial, parce que l’organisation n’est pas  parfaite.  Que ce  soit  un baptême, des  fiançailles, un mariage,  ou  un  deuil  dans  sa  famille,  lequel  d’entre  nous déciderait  d’y  renoncer,  parce  que l’organisation  n’est  pas parfaite ?  Quand  bien même  c’est  vous, personnellement, qui  pilotez  cette  organisation,  vous  y  verrez  toujours  une faille, un détail manquant, au moment même où se déroule l’événement. Parce  que  cette  Conférence  d’Entente  Nationale  est  une modeste œuvre humaine qui, plus est, se veut un chantier, je vous dis merci !  Merci, sincèrement, du  fond du cœur, merci!

 

Mesdames, Messieurs,

 

Depuis 2012, le Mali est entré dans une ère d’épreuves d’une  ampleur  et  d’une  gravité  certainement  inédites  dans son Histoire récente. Pourtant, le chemin du difficile ne nous était pas inconnu, car nous l’avions emprunté à de multiples reprises. Le parcours de notre Nation depuis notre accession à l’Indépendance se présente en effet comme une succession de défis  assumés et relevés. Nous avons  forgé tous nos grands acquis  dans l’effort  et dans  la solidarité. Et  nous nous  sommes donné  ainsi une  capacité de  résilience  que nous envient bien des nations.

Aujourd’hui,    nous  sommes  arrivés  à  une  étape  de  notre Histoire  où  il  nous  faut  réfléchir  sur  les  causes  de l’enchaînement  des  crises  qui  ont  frappé  le  Nord  de  notre pays et dont  les effets menacent  désormais de s’étendre au Centre.  Il  nous  faut  aussi  nous  mobiliser  pour  la préservation  de  notre  capacité  de  résilience  qui  a  été considérablement  sollicitée  au  cours  de  ces  cinq  dernières années.  Il  nous  faut  enfin  nous  concerter  et  nous  accorder sur la meilleure manière de revitaliser notre vivre ensemble. Ainsi  peuvent  se  résumer  les  principales  ambitions  de  la Conférence d’Entente Nationale.

 

Mesdames, Messieurs,

 

Ainsi  que  l’a  rappelé  le  Président  de  la  Conférence, l’organisation  de  la  Conférence  d’Entente  Nationale  est prévue au cours de la période intérimaire par l’Accord pour la  Paix  et  la  Réconciliation  issu  du  processus  d’Alger.  La Conférence  enregistre  « une représentation  équitable  des parties » impliquées dans la crise au Nord du Mali en vue de (je  cite)  « permettre  un  débat  approfondi  entre  les composantes  de  la  Nation  malienne  sur  les  causes profondes du conflit » (fin de citation).  La Conférence doit au terme de ses travaux produire la matière  pour  une  Charte  pour  la  Paix,  l’Unité  et  la Réconciliation.  Celle-ci  sera  élaborée  sur  une  base consensuelle, prendra en charge les dimensions mémorielle, identitaire et historique  de la crise  malienne. La  Charte scellera  l’unité  nationale  et  l’intégrité  territoriale  du Mali, selon les termes mêmes de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation.

Une  fois  que  j’aurais  reçu  les recommandations  de  la Conférence  je déciderai  du  cadre,  des  modalités  et  de l’agenda  de  son  élaboration  définitive  ainsi  que  de  son appropriation par l’ensemble des composantes de la Nation.

 

Mesdames, Messieurs,

 

Il me semble indispensable de revenir sur la lettre et l’esprit de  l ‘Accord  pour  souligner  que  l’une  et  l’autre  sont extrêmement  explicites  quant  aux  objectifs  fixés  à  la Conférence  d’Entente  Nationale.  Celle-ci  constitue  une étape extrêmement importante dans la marche entamée pour la reconstruction de notre pays. A travers le grand exercice de vérité qu’elle se propose d’être, la Conférence d’Entente Nationale nous  amène  à  aborder une  étape  qualitativement nouvelle  dans  l’identification  de  nos  priorités  les  plus pressantes,

ü  dans la réhabilitation de notre tissu social

ü  et dans la revitalisation des valeurs qui jusqu’ici nous ont  permis  de  surmonter  les  situations  les  plus difficiles.

 

Monsieur le Président de la Conférence,

 

Dans  votre  allocution,  vous  avez  souhaité  que  les participants  aient  aussi bien  le courage  de  poser le  juste diagnostic  sur  notre  situation  actuelle  que  l’audace  de proposer  les  solutions  idoines.  Je  ne  peux  que  souscrire  à ces  vœux.  J’en  ajouterai  un  autre,  celui  de  voir  l’esprit  de pondération  prédominer  lors  des  échanges.  Les  fragilités actuelles  de  notre  pays  sont  suffisamment  connues. L’immensité  des  efforts  à  déployer  pour  nous  réapproprier entièrement  notre  destin  n’est  plus  à  commenter.  Le  péril

terroriste  frappe  à  presque  toutes  les  portes  de  la  sous-région.  Dans  ce  contexte,  il  nous  faut  éviter  que  la Conférence  d’Entente  Nationale  ne  soit  prise  en  otage  par les  surenchères  diverses,  par  les  tentatives  de positionnement et par les remises en cause d’arrière-garde.

 

Mesdames, Messieurs,

 

Pour ma  part  et  me fondant  sur  les  efforts déployés  en amont  par  la  Commission  Préparatoire,  je  suis profondément persuadé que nous saurons éviter ces écueils. En  effet, le  Président  de la  Conférence,  notre aîné  Baba Akhib  Haïdara,  a scrupuleusement  respecté  les  termes  du mandat à lui confié. J’avais  requis  avec  une  insistance  particulière  que l’inclusivité  soit  totalement  respectée  aussi  bien  dans  la  préparation que dans le déroulement de la Conférence. Il me tenait  également  à  cœur  que  lors  des  échanges  entre participants soit respectée une absolue liberté de parole.

Ces deux principes ont été observés lors des rencontres que le  Président  de  la Commission  Préparatoire  de  la  CEN  a eues avec les parties signataires de l’Accord pour la paix et la  réconciliation  ainsi  qu’avec  les représentants  des  forces vives  du  pays.  Ils  l’ont  été  aussi  lors  des  consultations organisées dans toutes les Régions du Mali, dans le District de Bamako et dans les camps de réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger.

 

Mesdames, Messieurs,

 

Les  consultations  ont  permis  d’écouter  aussi  bien  le  pays profond  que  nos  compatriotes  en  détresse  hors  de  leur patrie.  Elles  ont  fait  entendre  toutes  les  sensibilités,  toutes les attentes et – il faut le dire – toutes les inquiétudes ainsi que tous les questionnements du peuple malien. Grâce à ces rencontres  et  à  ces  contacts,  la  Commission  Préparatoire  a réuni une très riche moisson de réflexions et de propositions qui inspireront  certainement  la  rédaction  de la Charte  pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation.  A  l’heure  où  le  pays  tout  entier  se  met  en  alerte  pour sauvegarder notre futur, je voudrai partager avec vous trois remarques essentielles. Toutes trois me sont inspirées par le compte-rendu  des  préparatifs  de  la  Conférence  que  le Président Baba Akhib Haïdara a fait au Gouvernement le 18  mars  dernier.  Toutes  trois  laissent  bien préjuger  de  l’issue positive de la Conférence.

Tout d’abord, les voies de sortie de crise proposées par les différents  interlocuteurs  sont  certes  multiples,  mais  la destination reste la même  pour tous :  restituer à  notre  pays sa grandeur de nation debout.  Ensuite,  les différences  d’approche  ont  été  formulées  sous forme  de  divergences  de  vues,  et  non  en  termes d’antagonismes irréductibles.

Enfin,  il  s’est  exprimé  de  manière  unanime  une  très  forte exigence d’amélioration de la gouvernance dans notre pays.

La prise en charge de cette exigence me paraît indispensable pour  créer  le  socle  de  confiance populaire  sur  lequel reposera la mise en œuvre de la Charte.

 

Mesdames, Messieurs,

 

Je  voudrais  remercier  le  président  Baba  Akhib  Haïdara  et toute  l’équipe  de  la  Commission  Préparatoire  de  la Conférence d’Entente  Nationale pour  leur investissement à la tâche et pour la qualité du travail réalisé dans un laps de temps  relativement  court.  Je  leur  demande  de  déployer  le même  dévouement  et  la  même  expertise  auprès  des participants pour que les travaux de la Conférence comblent les attentes de notre peuple.

 

Mesdames, Messieurs,

 

Avant de conclure, je tiens à souligner que l’organisation de la Conférence d’Entente Nationale est avant tout guidée par notre  conviction  que  le  traitement  d’une  situation exceptionnelle  nécessite  très  souvent  le  recours  à  une démarche novatrice. L’exercice que nous entamons est sans précédent  dans  notre  Histoire  récente  par  la  nature  et  par l’importance de ses enjeux. Nous avons les atouts suffisants pour le réussir à condition que  dans  le  déroulement  des  travaux  soient  préservées  les tendances positives décelées lors de la phase préparatoire. Il ne  s’agit  pas  pour  nous  de  rechercher  d’hypothétiques  panacées.  Il  nous  importe  surtout  de  construire  les indispensables  compromis  de  confiance  qui  nous permettront d’avancer à pas sûrs dans la consolidation de la Paix, de l’Unité et de la Réconciliation.

 

Mesdames, Messieurs,

 

C’est  en  réaffirmant  une  fois  de  plus  notre  détermination commune à maîtriser notre avenir que je déclare ouverts les travaux de la Conférence d’Entente Nationale.

 

Vive le Mali !

Vive la République !  

Je vous remercie. 

 

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