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Alliance des Etats du Sahel (AES) : Les prémices d’une véritable union africaine en gestation

Grâce à la Charte du Liptako-Gourma, l’Alliance des Etats du Sahel -AES- a vu le jour, sous le leadership de Colonel Assimi Goïta en septembre dernier.

En colère contre la recrudescence des attaques terroristes, notamment dans la Zone des Trois Frontières, les Chefs d’Etat du Mali, du Burkina Faso et du Niger, Colonel Assimi Goïta, Capitaine Ibrahim Traoré, Général Abdramane Tiani, ont pris le taureau par les cornes pour porter sur les fonts baptismaux l’Alliance des Etats du sahel, dont l’architecture défensive est le b.a.ba de son existence. En effet, le partage de renseignements militaires, l’utilisation accrue des vecteurs aériens, des drones dans le ciel commun à l’espace AES n’est plus au stade des intentions. Les manœuvres militaires de grande envergure entre les trois Etats se poursuivent de plus belle. Les terroristes sont régulièrement neutralisés par centaines. L’institution fonctionne sur fonds propres.

Loin d’être une coquille vide, elle compte bien aller plus loin que les pères de l’indépendance, panafricanistes jusqu’au bout des ongles.

Par procuration, la CEDEAO, pour être dans les grâces d’Emmanuel Macron, à travers Ahmed Bola Tinubu du Nigéria, Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Patrice Talon du Bénin, Macky Sall du Sénégal, voulant torpiller l’AES, avait menacé d’attaquer le Niger au profit de Bazoum. Mais le puissant arsenal militaire du Mali et du Burkina l’en dissuada. En plus de deux fausses notes en son sein: le Togo de Faure Gnassingbé, le Cap-Vert de Jorge Carlos Fonseca. Ils se désolidarisent du projet de réactivation de la force d’intervention en attente contre le Niger. L’organisation sous-régionale ouest-africaine est de moins en moins crédible. La CEDEAO des chefs d’Etat n’est-elle pas en train de battre de l’aile dans cette nouvelle donne géopolitique ?

Le Togo, plein d’empathie et très perspicace, a sauvé la face au sein de la CEDEAO en organisant à Lomé le Forum sur la Paix et la Sécurité, sur les transitions en Afrique, les 21 et 22 octobre 2023. Ce forum a permis au Niger, au Mali, au Burkina Faso de s’exprimer sans détour sur la situation socio-politique de leurs pays respectifs. Lomé a brillé par sa pédagogie. Ce reflexe a fait défaut aux dinosaures de la CEDEAO. Le forum a été précédé le vendredi 20 octobre d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de dix pays, dont ceux du Sahel, à savoir : le Mali le Burkina Faso et le Niger.

Reste que la France ne veut pas lâcher prise les pays du Sahel est à la manœuvre, depuis 1958, pour tuer dans l’œuf toute tentative de fédéralisme en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny et le Sénégal de Léopold Sédar Senghor ont toujours constitué les piliers de la Françafrique. Boigny et Senghor, en synergie, ont toujours tiré les ficelles de la balkanisation de l’ex- l’AOF. C’est sous les pressions de ses deux «sous-préfets» de l’Hexagone que les deux potentiels membres de la Fédération du Mali, Haute-Volta (Burkina Faso) et le Dahomey (Bénin) ont jeté l’éponge, tout en faisant défection, sous la férule de l’anti-fédéraliste Houphouët, soucieux du leadership de la Côte d’Ivoire, car la France voyait d’un mauvais œil cette union.

Toutefois, la Haute-Volta et le Dahomey se sont mis avec la Côte d’Ivoire pour créer le Conseil de l’Entente. Nonobstant ce couac, le projet de fédération continua son petit bonhomme de chemin.

Puissante, militairement, économiquement monétairement…

Devenue indépendante le 20 juin 1960, la Fédération du Mali éclata deux mois plus tard : dans la nuit du 19 au 20 août 1960, les Soudanais (Maliens) souhaitaient moins de liens avec la France, une orientation socialiste. Les Sénégalais étaient plutôt favorables à des relations plus étroites avec la France.

L’AES est appelée à devenir une organisation puissante : militairement, économiquement, monétairement, culturellement… Certains Etats vont vouloir y adhérer, mais il va falloir être vigilant et rigoureux pour ne pas y laisser entrer la cinquième colonne au service de la France. Pour l’heure, l’Etat dont l’adhésion est loin de poser problème est le Togo : il n’a jamais fermé ses frontières avec le Niger, encore moins son port et son espace aérien.

Mohamed Koné

Le challenger
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