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Afrique : une pomme de discorde nommée Cour pénale internationale

REVUE DE PRESSE. Soutien de l’UA au retrait de ses États membres, la Gambie qui reste, l’Afrique du Sud “bloquée”… La CPI cristallise beaucoup de passions.

Fatou Bensouda procureur cpi cour penale internationale

La fronde africaine anti-CPI (Cour pénale internationale) aurait-elle du plomb dans l’aile ? Cet automne, trois pays annonçaient leur retrait de cette instance judiciaire régulièrement taxée de justice du « deux poids deux mesures » : le Burundi, l’Afrique du Sud et la Gambie. Après la volte-face de la Gambie – le nouveau président Adama Barrow a confirmé début février l’annulation du retrait engagé par son prédécesseur Yahya Jammeh –, voilà l’initiative de l’Afrique du Sud retoquée par la Haute Cour de Pretoria.

Ce mercredi 22 février, trois juges sud-africains ont en effet estimé que la procédure de retrait du statut de Rome, qui fonde la CPI, était « invalide et inconstitutionnelle » et ont ordonné sa révocation. « L’exécutif national n’a pas et n’a jamais eu l’intention d’avoir le pouvoir de supprimer des accords internationaux existants sans l’approbation préalable du Parlement », a souligné le juge Phineas Mojapelo. Et d’asséner un rappel à l’ordre qui a aussi valeur de camouflet pour le président Jacob Zuma et son gouvernement : « Nous avons des droits, nous avons des devoirs et nous avons un Parlement. »

L’ANC et l’opposition à couteaux tirés sur la CPI

En Afrique du Sud, le débat sur la CPI est de ceux qui cristallisent les divergences politiques entre le Congrès national africain (ANC), au pouvoir, et l’Alliance démocratique (DA), le principal parti d’opposition. C’est d’ailleurs le parti DA qui saisit la justice quand, en octobre, le gouvernement sud-africain annonce sa décision de quitter la CPI. Un choix qui s’inscrit dans le prolongement de son refus d’interpeller sur son sol en juin 2015 le président soudanais Omar el-Béchir, alors qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour son rôle dans la répression au Darfour – il est poursuivi pour génocide et crimes contre l’humanité.

La réaction de Pretoria a été vivement critiquée. Pour l’Alliance démocratique, une telle défiance vis-à-vis de la justice pénale internationale cadre mal avec l’Afrique du Sud, son histoire et ses valeurs. « Il est inexplicable pour un parti politique (ANC) qui a été à l’avant-garde des combats pour les droits de l’homme pendant la lutte armée de se trouver dans une situation où il défend des personnes reconnues coupables ou au moins accusées d’abus flagrants des droits humains et de génocide. (…) Nous avons l’impression d’avoir complètement perdu notre sens moral en tant que pays, d’avoir complètement abdiqué par rapport à ce que Madiba (Nelson Mandela) représentait », déclare un député de DA, James Selfe. On peut lire ses propos dans la version sud-africaine du Times .

L’image de l’Afrique du Sud de nouveau écornée

« Un autre jour, une autre irrationalité procédurale de Zuma », persifle dans son titre le site sud-africain Businesslive. Il reprend les termes du juge Phineas Mojapelo, selon qui le fait d’avoir mené « hâtivement » cette procédure de retrait de la CPI sans consultation préalable du Parlement constitue une « irrationalité procédurale ». Cette raillerie renvoie également aux nombreux écarts vis-à-vis de la loi qu’a pu s’autoriser le chef de l’Etat Jacob Zuma ces dernières années. Embourbé dans de nombreux scandales de corruption, celui qu’on surnomme le « président Téflon » a réussi à se tirer d’affaire plus d’une fois. Y compris à échapper à une procédure de destitution lancée en avril 2016, après que la justice l’eut reconnu coupable de violation de la Constitution, dans une affaire de non-remboursement des deniers publics dépensés dans la rénovation de sa villa.

Zuma s’en sort, mais à quel prix ? Ce nouvel incident ne fait qu’écorner davantage l’image du pays aux yeux du quotidien burkinabè Le Pays. « Petit à petit, l’Afrique du Sud est en train de tomber de son piédestal. Jadis perçue comme un modèle sur le continent, la nation arc-en-ciel n’en est plus une. Car, en plus des scandales à répétition dont s’est rendu coupable le président Zuma, le pays connaît, ces dernières années, une série de violences xénophobes qui tranchent avec l’idéal de Nelson Mandela », déplore le titre de Ouagadougou. Il consacre un autre article à la nouvelle vague de manifestations anti-étrangers qui vient de cibler notamment des Nigérians installés en Afrique du Sud. Il s’intitule « La nation arc-en-ciel fait honte ».

Publié le 25/02/2017 à 14:30 | Le Point Afrique

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