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Afrique du Sud, Nigeria, Kenya : ces pays qui luttent pour un salaire minimum décent

Alors que quelque 6 millions de travailleurs sud-africains devraient profiter du salaire minimum, entré en vigueur le 1er janvier, quelle est la situation dans les autres du continent ?

Depuis le 1er janvier 2019, le tout premier salaire minimum national sud-africain est entré en vigueur. « Des millions de travailleurs sud-africains en bénéficieront. C’est le résultat de nombreuses décennies de lutte inlassable et de la volonté commune de tous les partenaires sociaux de lutter contre la pauvreté et les inégalités », a déclaré le président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa dans son message du Nouvel An. Il faut savoir qu’un salaire minimum national unifié, couvrant tous les secteurs économiques, est en cours d’élaboration depuis plus de quatre ans. Elle fait suite à la signature de la Déclaration d’Ekurhuleni par les entreprises, les gouvernements, les travailleurs et la société civile, représentés au Conseil de développement économique national, en novembre 2014. En Afrique du Sud, ce salaire minimum, d’un montant de 20 rands l’heure (1,21 euro), soit 3.500 rands (230 euros) par mois, devrait bénéficier à quelque 6 millions de travailleurs. Selon le gouvernement, il va profiter à 70 % des travailleurs agricoles et à 90 % du personnel de maison. Toutefois les entreprises en difficulté financière seront dispensées de l’appliquer.

Pour l’Afrique du Sud, un salaire minimum avant les élections

De son côté, l’ANC (African National Congress, au pouvoir) ne perd pas de vue l’élection présidentielle de mai 2019, et espère que cette mesure séduira sa base électorale traditionnelle de pauvres des townships et des zones rurales. Ancien syndicaliste reconverti en homme d’affaires à succès, Cyril Ramaphosa, qui a pris les rênes du pays en février 2018, après la démission du très controversé Jacob Zuma, avait promis de relancer l’économie. Mais l’instauration de ce salaire minimum a été vivement critiquée par l’opposition et plusieurs syndicats. Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), avait voté contre le salaire minimum, estimant qu’il allait se traduire par «  d’importantes pertes d’emplois  ».

Le parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) avait, lui, comme plusieurs syndicats, estimé que son montant était insuffisant. La deuxième fédération syndicale du pays, la Saftu, a dénoncé «  un salaire d’esclave  ». Mais la plus grande centrale syndicale d’Afrique du Sud, la Cosatu, a salué «  une injection importante d’argent dans les poches des travailleurs  ».

Tanya Cohen, PDG de Business Unity SA, qui regroupe des entreprises sud-africaines, présentant le point de vue de l’entreprise sur le salaire minimum national a déclaré que les agences de notation souhaitaient un marché du travail stable dans le pays et que le salaire minimum soit positif en termes de crédit. Elle a ajouté qu’ « en fin de compte, nous avons réussi à trouver un compromis idéal entre ce qui est socialement acceptable et économiquement efficace. »

Des situations contrastées selon les pays

Si ce projet n’a pas fait l’unanimité dans le pays, il faut savoir que l’Afrique du Sud n’est pas le seul pays à être confronté aux sujets brûlants que sont les relations de travail, les horaires, ou le salaire minimum. Avec la prévalence des emplois informels, selon le rapport du Bureau international du travail, le continent affiche une grande disparité en fonction des régions. En Angola, au Kenya et au Nigeria, en passant par la Tanzanie, ou encore le Sénégal ou le Maroc, les employeurs doivent faire face aux mêmes défis en matière d’emploi qu’en Afrique du Sud. « Dans les pays en développement toutefois, la réduction de la pauvreté au travail n’avance pas suffisamment vite pour compenser l’expansion de la population active. Le nombre de travailleurs vivant dans l’extrême pauvreté devrait rester obstinément au-delà des 114 millions pour les années à venir, touchant 40 pour cent de l’ensemble des travailleurs en 2018 », explique Stefan Kühn, économiste à l’OIT et principal auteur du rapport Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances 2018 .

Au Kenya le salaire minimum est un sujet controversé, car de nombreux analystes estiment que son augmentation de 5 % voté en mai 2018 pourrait avoir de graves conséquences pour certains secteurs. « Reconnaissant le bon travail accompli par nos travailleurs et consciente du taux d’inflation de 4,8 % enregistré cette année, je déclare par la présente une augmentation correspondante de 5 % du salaire minimum », a annoncé le secrétaire du cabinet chargé du Travail et de la Protection sociale, Ukur Yattani, qui a lu le discours du président Uhuru Kenyatta le jour de la fête du Travail dans le pays. Cette dernière augmentation salariale signifie qu’un ouvrier travaillant à Nairobi, Kisumu et Mombasa, dont le minimum mensuel est actuellement de 12 926 shillings soit 110,79 euros recevra un supplément de 646 shillings (5,54 euros) soit un total de 13 572 shillings (116,32 euros).

Au Nigeria, les gouverneurs rejettent l’accord de 72 euros de salaire minimum

Pendant ce temps, au Nigeria force est de constater que le président nigérian, en campagne pour sa réélection en février prochain, a probablement parlé trop vite lorsqu’il s’est réjoui de l’accord syndical trouvé début décembre pour augmenter le salaire minimum de 18.000 à 30.000 nairas mensuels (43 euros à 72 euros). En effet, les syndicats, menaçant de paralyser le géant ouest-africain de 180 millions d’habitants par une grève massive et illimitée, n’avaient évidemment pas oublié de rappeler que les travailleurs n’accordaient leur vote qu’à celui qui défendrait une importante augmentation du salaire minimum. Mais dès le lendemain de la déclaration présidentielle, le ministre de la Communication a échaudé l’enthousiasme général, insistant sur le fait que le président Buhari n’avait en aucun cas donné son accord final sur les 30.000 nairas et rappelant que cette «  recommandation devait d’abord être étudiée.  » En effet, si le candidat de l’APC (Congrès des Progressistes) veut ainsi gagner les voix populaires, il risque, avec cette promesse de campagne, de se mettre à dos les 36 gouverneurs de cet État fédéral, pour qui les salaires de fonctionnaires ou d’employés municipaux représentent déjà une immense part de leur budget annuel. Les entreprises nigérianes ont déjà des frais généraux élevés et de nombreux travailleurs ne sont pas qualifiés, ce qui rend une augmentation de salaire difficile à justifier, selon des économistes cités par la presse locale. Pour eux, il ne faut pas regarder bien loin, la Côte d’Ivoire, par exemple, a un salaire minimum plus élevé que le Nigeria, mais son bon réseau énergétique lui permet encore de rester compétitif par rapport à ses voisins de l’Afrique de l’Ouest. En revanche, l’électricité est quasi inexistante dans la plus grande partie du Nigeria et le taux d’alphabétisation de la population adulte avoisine les 60  %, chiffre inférieur à 50 % dans le nord à majorité musulmane.

Des vifs débats qui démontrent des situations contrastées sur le continent où le Maroc est en tête avec un salaire minimum de 234,89 euros mensuels. Le royaume chérifien devance l’Algérie où le salaire minimum net est fixé à 18 000 dinars (DA) soit environ 155 euros. L’Égypte a instauré en 2014 un salaire minimum dans le seul secteur public, de l’ordre de 130 euros. En haut du classement des pays subsahariens, on trouve la Guinée équatoriale (195 euros), le Gabon (156 euros), le Botswana (116 euros), ou encore le Burkina Faso (106 euros). Au Sénégal, le smic a été revalorisé pour la première fois depuis 1996 et tourne autour de 55 000 francs CFA soit 83,85 depuis le 1er janvier 2019. Le Mali, la Mauritanie et le Niger ferment le ban avec un smic autour de 60 euros.

Source: lepoint

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