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Affaire Morila SA – Domba: le dossier devant le tribunal de Bougouni

Décidés à se faire entendre, les habitants du village de Domba, dans le cercle de Bougouni, ont bloqué, pendant deux jours, les activités de la société minière. Il n’en fallait pas plus pour qu’au moins une vingtaine de gendarmes lourdement armés prennent d’assaut le village. La tension reste vive. Les deux parties ont, chacun de leur côté, saisi le tribunal de Bougouni.

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Les habitants du village de Domba ont les nerfs à fleur de peau. Les problèmes avec Morila SA, filiale du géant minier Rangold n’en finit plus. Des manœuvres d’intimidation à la saisine du tribunal de Bougouni, en passant par des convocations à la gendarmerie de Koumantou, la tension est montée d’un cran la semaine dernière. Le déplacement à Domba de Mark Bristow, Directeur général de Rangold, sans un salamalec au chef du village, ne semble rien arranger à la situation.

Rappel des faits

Alors que la mine d’or de Morila SA s’épuise, Rangold se tourne vers le village de Domba situé à 3 km de Sanso. Le sous-sol du village est riche en minerais. Problème: pour exploiter cette manne, au moins 26 familles doivent être déplacées et leurs maisons démolies. Les villageois s’opposent au déplacement d’une partie de leur village. «Si on doit extraire l’or, on déplace tout le village ou rien», avait dit Kouroungo Mariko, le chef du village de Domba.

A Bamako, une association,  Domba Yiriwaton, se crée. Elle est dirigée par de puissants fils du village. Notamment: Me Moctar Mariko, président de l’Association malienne des Droits de l’Homme (AMDH);  le colonel Elimane Mariko, professeur agrégé en médecine ou encore Dr N’tji Idriss Mariko, écrivain et ancien ministre de la République. Dans une correspondance envoyée le 04 octobre 2015 au ministre des Mines, l’association proteste face «à la destruction partielle de leur village» et évoque «les nuisances sonores, la pollution de l’air, la contamination de la nappe phréatique » ou encore la proximité du chantier avec l’école du village.

Le projet qui semblait être à l’abandon depuis, a repris en juillet dernier.  Le réveil fut brusque pour les villageois. Domba Yiriwaton, sur qui, ils comptaient avait pris fait et cause pour Morila SA. Pis, l’association avait signé à Bamako, au nom de tout le village un protocole tripartite pour l’exploitation de la mine. Depuis, toutes les tentatives du chef du village pour annuler ce document se sont soldées par des manœuvres d’intimidation. Face, à la gravité de la situation, une pétition contre le projet a recueilli plus de 400 signatures. Malgré tout, rien.

Interpellé par le chef du village, le ministre des Mines répond dans un courrier le 25 juillet dernier: «Monsieur le chef de village quand j’apposais ma signature  au bas du document, comme vous le dites de bonne foi, je n’ai jamais douté de la bonne foi des autres. C’est vous dire monsieur le chef de village  que je suis étonné et surpris   en recevant votre courrier et vous invite à trouver la solution en votre sein».

Une crainte…. Justifiée

Contacté, Samou Mariko un des conseillers du chef de village affirme: « si nous ne faisons rien, cette société minière va détruire notre village». De son côté, Rangold réagit. La société s’estime prête à investir 300 millions fcfa (540 000 USD) pour la protection de l’environnement et pour la réalisation  d’infrastructures  dans le village. Difficile de s’en tenir à cette promesse, surtout quand le rapport du Vérificateur général,  publié le 12 octobre dernier, révèle des pratiques de peu orthodoxes de la part de Morila SA, dans les localités où elle exerce déjà. Ainsi, le Vérificateur général constate que: MORILA-SA a « insuffisamment réalisé les reboisements compensatoires» contrairement à ses engagements; MORILA-SA n’a « pas de dispositifs d’enregistrement et de surveillance des rejets polluants ». Aussi, assure le rapport, aucune information n’est communiquée aux autorités compétentes concernant ces rejets.

Sous le conseil de Me Sangaré, les villageois n’entendent plus céder à la violence. L’audience préliminaire prévue pour le 22 novembre prochain marque le début de la bataille judiciaire dans une affaire qui n’en finit plus. Car, de son côté Morila SA a aussi saisi le tribunal. Cinq villageois ont été auditionnés à cet effet, la semaine dernière, par la gendarmerie de Kounmatou. En présence du Chef de village.

 

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