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Affaire Birama Touré : la montagne accouche d’un souri…re

Avec la convocation de l’honorable Karim Keïta, dans le cadre de l’enquête sur la disparition du journaliste Birama Touré, par le juge d’instruction du 1er cabinet du Tribunal de Grande Instance de la commune IV du District de Bamako, jeudi dernier, les Maliens espéraient, enfin, voir lever le black-out sur ce dossier. Mais hélas ! La montagne a accouché d’un souri…re. Une grosse souris.

« Le juge d’Instruction du 1er cabinet du Tribunal de Grande Instance de la commune IV du District de Bamako invite Mr Karim Keïta, député à l’Assemblée nationale, domicilié à la Cité du Niger, à se présenter, le jeudi 21 mars 2019, à partir de 10 heures 00 dans notre cabinet, sis au palais de justice, pour affaire le concernant ».
Signée par Mr Moussa Diarra, juge d’instruction depuis le 14 mars, cette convocation du fils du président de la République, député élu en commune II du District de Bamako, et non moins président de la commission Défense de l’Assemblée nationale, a vite fait de faire le tour des réseaux sociaux.
Même si elle ne mentionne pas, clairement, les motifs de cette convocation, les Maliens auront compris qu’il s’agissait bien de « l’affaire Birama Touré », du nom de notre confrère de l’hebdomadaire « Le Sphinx », disparu depuis trois ans. Sans laisser de traces.
A l’issue de ses investigations, « l’hebdo du vendredi » soupçonne Karim Keïta d’avoir fait kidnapper son journaliste par des agents de la Sécurité d’Etat à sa solde.
« Birama Touré a séjourné à la Sécurité D’Etat où il a été torturé, avant d’être abattu de trois coups de feu. Voilà la triste réalité », écrit Mr Adama Dramé, directeur de publication du journal « Le Sphinx ». C’était dans sa parution de vendredi 22 mars dernier.
Mais, curieusement, Karim Keïta ne s’est jamais prononcé sur cette affaire. Ni dans les médias publics, ni dans les médias privés. Du moins, pas à notre connaissance.
Pour les Maliens, qui suivent avec attention l’évolution de ce dossier, et surtout pour la famille de la victime, la convocation de l’honorable Karim Keïta, ce jeudi 21 mars, pour être entendu par le juge d’instruction est un acte courageux. Surtout, après l’échec de ses deux prédécesseurs dans cette affaire.
Mais, coup de théâtre : le jeudi 21 mars, à 10 heures 00, ni le juge, ni Karim Keïta, n’étaient au Tribunal de Grande Instance de la commune IV. Aucun des deux. Sans explication, aucune.


Déjà la veille, une information, selon laquelle le juge aurait annulé la convocation, circulait sur « fesse-book ». Mais pour quel motif ? Mystère et boule de gomme.
Pour les uns, la procédure de convocation du député Karim Keïta n’a pas été suivie à la lettre. Le juge devrait, dit-on, par écrit saisir le ministre de la justice. Lequel, à son tour, doit écrire au président de l’Assemblée nationale pour lui signifier son intention d’entendre le député de la commune II.
A son tour, le président de l’hémicycle doit convoquer une commission d’enquête parlementaire. Qui doit examiner le motif de la convocation du juge. Avant de décider, si oui ou non, elle doit lever son immunité parlementaire.
Pour d’autres, cet argument n’est qu’une pirouette. « A ce que je sache, il est pour l’instant convoqué à titre de témoin ; c’est à dire, inviter à fournir les informations en sa possession à la justice pour permettre à celle-ci d’avancer dans son travail. C’est lorsqu’il apparaît, au cours de son témoignage, des indices graves qui puissent nécessiter son inculpation que le juge sera obligé, s’il souhaite continuer à l’entendre, de solliciter, via son ministère de tutelle, la levée de son immunité parlementaire », indique Ras Bath, juriste et activiste malien.
Si l’honorable Karim Keïta n’a pu être entendu par le juge d’instruction, l’affaire Birama Touré a, tout de même, enregistré quelques avancées. La fiancée de notre confrère, Hawa Diallo, vient d’introduire, auprès du même tribunal, une plainte contre x, avec constitution de partie civile.
Ensuite, les présumés tortionnaires du journaliste auraient été rappelés au pays. Au nombre de trois, ils avaient été affectés dans certains pays voisins, quelques jours après la disparition de notre confrère. Ils semblent être identifiés. Et leurs photos, publiées par des médias de la place.

Oumar Babi 

Source: Canard Déchainé

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