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ADIEU SBM

Placé en détention préventive le 26 août 2021, l’ancien premier ministre du Mali, Soumeylou Boubèye MAÏGA (SBM), 67 ans, est décédé ce 21 mars 2022 dans la clinique Pasteur où il bénéficiait des soins de santé. Sa mort intervient après de longs moments de plaidoyer de son parti, sa famille et ses avocats pour son évacuation consécutif à la détérioration de son état de santé. Des demandes qui sont restées sans réponse satisfaisante.

Après plus de trente ans de carrière politique, Soumeylou Boubeye MAÏGA, a tiré sa révérence ce lundi. Celui que tout le monde appelait le ‘’Tigre’’ est décédé sans avoir la force de rugir une dernière fois à cause de son état de santé qui se détériorait de semaine après semaine.
En effet, cette fois-ci, SBM n’a pas eu la force et la chance de se relever après avoir encaissé un coup, des coups comme c’est malheureusement la règle de jeu politique.
En acceptant de se mettre à la disposition de la justice de son pays, l’homme ne pensait pas qu’on pourrait lui refuser son droit fondamental d’aller se soigner à ailleurs, dans les conditions plus acceptables, alors qu’il bénéficiait pour autant la présomption innocente, fulmine un membre de son parti (ASMA-CFP) dont il était président après avoir claqué la porte de l’Adema PASJ.
Depuis la détérioration de son état de santé, sa famille n’a jamais cessé d’appeler les nouvelles autorités de la Transition demandant à son évacuation.
La dernière en date est la lettre de son épouse Bintou YATASSAYE. Dans une lettre ouverte signée le 1er mars, elle attire l’attention du président, Assimi GOITA, et du Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, sur le risque qu’encourait son mari, dénonce la situation inhumaine et intenable de son mari.
« Permettez-moi de rappeler que depuis son placement en détention préventive le 26 août 2021 à la Maison Centrale d’arrêt de Bamako, sa santé s’est progressivement détériorée en raison des conditions d’incarcération épouvantables et dégradantes tant sur le plan humain, sanitaire que sécuritaire », avait-elle écrit.
Conséquences de cette situation, elle a affirmé que son mari a perdu « plus de 23 kg et se trouve dans un état critique pour lequel un collège d’éminents médecins a requis depuis la mi-décembre une évacuation d’urgence ».
Le Conseil de santé, commis par l’État, a confirmé la nécessité de cette évacuation d’urgence, avait-elle témoigné avant de rappeler que l’arrestation de Soumeylou Boubèye MAIGA n’était qu’une détention préventive, qui ne justifie pas une telle inhumanité et qui aurait pu prendre une forme plus humaine, comme le contrôle judiciaire.
« Je garde foi en votre (ASSIMI GOITA) humanité, votre impartialité et votre capacité à prendre les décisions qui s’imposent dans l’urgence et dans le respect des recommandations des médecins, car vous êtes le Décideur final », a-t-elle indiqué, tout en prenant aussi l’engagement, devant le Peuple malien, du retour au Mali de SBM, après ses soins effectués.
« Nous vivons dans un monde où une personne digne ne saurait se cacher et manquer à ses obligations, et SBM est tenu par un tel engagement, il a toujours répondu présent à la Justice et continuera de le faire », soulignait-elle dans sa missive.
« Le pronostic vital de Soumeylou Boubèye Maïga est engagé. Je vous demande, devant le Peuple malien, de lui permettre d’aller se soigner. Et je m’engage, au nom de notre famille à ce qu’il revienne dès qu’il sera rétabli. Tout notre espoir repose sur votre décision, votre humanité, votre respect du droit à la vie, votre sens de l’État de Droit, votre respect de l’expertise et de la parole des médecins, votre sens du devoir à l’égard de tous les citoyens maliens, sans exclusion », s’était-elle engagée.
Deux jours plus tard, c’était autour du collectif des avocats de SBM de réagir dans un communiqué.
Pour le collectif, en référence aux conseils des médecins, l’aggravation manifeste de l’état du malade et « un pronostic vital engagé à court terme » en concluant à l’urgence d’une évacuation en raison de « l’absence d’un tableau technique spécialisé au Mali. ». À l’évidence, son état nécessitait des soins mieux adaptés.
Le Collectif relève qu’en plus d’une question de droit de l’Homme, s’agissant précisément du droit à la santé et du droit à la vie, consacrés par notre Constitution, les conventions régionales et internationales ratifiées par le Mali, il s’agit également d’une exigence soutenue par toutes les valeurs humaines coutumières et religieuses de notre pays.
Par ailleurs, le Collectif des Avocats informe l’opinion nationale et internationale qu’en plus de la discrimination qu’il subit relativement à son droit à la santé, M. MAIGA faisait l’objet de restrictions sévères et inexplicables des visites de sa famille et des avocats, le mettant ainsi à l’isolement, ce qui constitue une atteinte à son état psychologique.
Le collectif dénonce avec la plus grande vigueur la violation des droits de son client et exige des autorités la levée immédiate de toutes les restrictions discriminatoires et anti constitutionnelles, incompatibles avec son droit à la dignité, à la santé et à la vie, et de donner une suite urgente aux recommandations du collège des médecins.
Malgré ces alertes et le cri de cœur d’une épouse dépitée, les autorités de la Transition sont restées silencieuses, insensibles jusqu’à ce que la mort le rend à jamais ‘’hors d’état nuire’’, puisque c’est de cela que ses adverses le craignaient.
SBM fait son temps avant de partir. Son parcours auréolé de succès, de contestations, de réussite en dit long sur l’homme. Il n’a pas été parfait, mais il a porté le Mali dans son cœur.
Dort en paix l’enfant de Gao !

PAR SIKOU BAH

Source: INFO-MATIN

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