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ADEMA: l’explosion garantie

La présidentielle de 2018 approche à grands pas et les états-majors politiques s’activent. Lors de la cérémonie de présentation de voeux au président IBK, le samedi 13 janvier, les responsables du RPM lui ont demandé de se représenter en 2018.

Au cours de cette cérémonie,  le protocole s’est arrangé pour placer le ministre des Mines et non moins président de l’ADEMA, Tièmoko Sangaré, aux côtés d’IBK. Cette posture du président de l’ADEMA vient confirmer les rumeurs selon  lesquelles Tièmoko Sangaré, en contrepartie de son maintien au gouvernement, s’est engagé à rallier les Abeilles à la candidature d’IBK dès le 1er tour. Réussira-t-il cette mission ? En tout cas, l’affaire relève de la gageure pour de nombreuses raisons.

Quand l’ADEMA disait non au RPM

Lors d’une réunion de la Convention de la Majorité présidentielle (CMP), tenue courant 2016 (donc avant l’entrée de Tièmoko Sangaré au gouvernement),  le président de la CMP, non moins vice-président du RPM, Boulkassoum Haidara, propose à ses alliés de soutenir tous ensemble la candidature d’IBK à la présidentielle de 2018. Refus catégorique de l’ADEMA. Cette formation, 2ème force électorale de la CMP,  fait savoir qu’elle doit au préalable consulter sa base. Afin de contourner l’obstacle tout en maintenant l’objectif, le RPM propose, lors d’une seconde réunion, que la CMP accepte le principe d’un candidat unique de la mouvance présidentielle, sans préciser si  ce candidat sera IBK. L’astuce ne fonctionne pas car tout le monde comprend que le candidat unique sous-entendu par Boulkassoum Haidara ne peut être que le chef de l’Etat sortant. Par conséquent, l’ADEMA oppose à la nouvelle proposition le même refus qu’auparavant.

Un candidat à interne

Tenue le 25 mars 2017 au pavillon des sports du stade Omnisports Modibo Kéita de Bamako, la 15ème Conférence nationale de l’ADEMA, instance suprême du parti entre deux congrès, prend une décision : présenter un candidat à la présidentielle de 2018. Pour arriver à une telle décision, plusieurs responsables ont insisté sur le fait qu’en tant que principale alliée du RPM, le parti au pouvoir, l’ADEMA n’a pas eu droit aux avantages d’Etat dignes de  son rang. La formation de l’Abeille ne se sent suffisamment représentée ni au gouvernement et ni dans les hautes sphères l’administration. Enfin, la plupart des responsables jugent que l’ADEMA ne doit pas continuer de servir de remorque et doit assumer sa vocation première de conquête et d’exercice du pouvoir. « L’ADEMA cessera d’exister s’il n’a pas de candidat issu de ses rangs en 2018″, prévient un haut cadre.

Dans  une interview à RFI le 16 septembre 2017, le 4ème vice-président de l’ADEMA, Moustapha Dicko, affirme que le parti aura son propre candidat à la présidentielle. Il dira que le principe du candidat interne est acquis et n’a pas été changé par la retraite des cadres du parti organisée suite à la conférence nationale. A la question de savoir pourquoi un candidat à l’interne alors que le parti reste dans la mouvance présidentielle, Dicko répond que le parti a sa propre personnalité et son propre projet de société, bien qu’il ait soutenu IBK au cours du quinquennat sortant.

IBK ne désespère pas

Malgré la décision de l’ADEMA, les proches d’IBK ne désespèrent pas de rallier ce parti à la candidature du chef de l’Etat. Ils partent d’un calcul simple: l’ADEMA n’a jamais craché sur un morceau de pain. C’est pourquoi, loin d’être exclu du nouveau gouvernement dirigé par Soumeylou Boubeye Maiga, l’ADEMA s’y taille une part appréciable avec le ministère du Commerce confié à Abdel Karim Konaté, premier vice-président de l’ADEMA ; le ministère de l’Aménagement du territoire confié à Adama Tiémoko Diarra, secrétaire politique de l’ADEMA; le ministère des Mines confié à Tiémoko Sangaré, président de l’ADEMA. Un autre cacique du parti, Cheick Sidya Sissoko, hérite du ministère de l’Habitat. Dès lors, nul besoin d’être devin pour prédire  que ces ministres apporteront à IBK les pans de l’ADEMA qu’ils contrôlent, le reste étant appelé à rallier des candidats internes comme Kalfa Sanogo ou Dramane Dembélé. Des responsables influents du parti sont déjà entrés en rébellion pour contrecarrer les plans des ministres ADEMA. Ainsi, l’ancien ministre dde la solidarité, Sékou Diakité, a déclaré la semaine dernière que l’ADEMA aurait son candidat en 2018.En tout cas, le perdant de tout ce charivari n’est pas IBK, mais bien l’ADEMA qui, depuis 2002, se trouve en  vadrouille politique…

Abdoulaye Guindo

SourceProcès-Verbal

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