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Adama SANGARE: ‘‘l’État est en train de tuer les collectivités’’

Le maire du district, Adama SANGARE, lors du débat public de restitution du compte administratif et financier du District de 2021, tenu le vendredi dernier, a rétorqué en faux aux allégations sur la gestion du Fonds d’entretien routier par la mairie centrale. Si une décision de 2018 l’exige, son respect par le gouvernement est tout autre. En clair, le District n’a jamais bénéficié d’un franc de ce fonds, a déclaré M. SANGARE.

 

Conformément aux textes régissant la décentralisation, la mairie du District a tenu son traditionnel débat de restitution sur son compte administratif et financier de 2021. C’était sous la présidence du maire du District qui avait à ses côtés le gouverneur du District ainsi que les membres du conseil du District.

Ont également pris part à la rencontre, les notabilités de Bamako, les responsables des services de la mairie, les responsables des transporteurs, des commerçants, des fournisseurs, des responsables des GIE, le syndicat des travailleurs, etc.

L’objectif de cet exercice est d’instaurer le dialogue et amener la population à prendre part à la gestion des collectivités, tout en favorisant la transparence de la gouvernance.

Sans tabou, ce débat a été une occasion pour le maire et ses interlocuteurs d’aborder les épineuses questions de la capitale malienne en occurrence l’assainissement, les créances de la mairie, les difficultés de trésorerie, les violations des textes de la décentralisation par le pouvoir central. À cause de ces problèmes, la mairie peine à atteindre ses objectifs de développement.

Affaire du fonds

d’entretien routier

Profitant de cette tribune, le maire Adama SANGARE a dénoncé la gestion du Fonds d’entretien routier qui, sur le papier, revient à la mairie du District. Consacré par un arrêté du gouvernement de 2018, le respect de cette décision n’est pas à ce jour effectif alors que certaines de nos routes sont en état de dégradation avancée.

« La mairie n’a jamais reçu un Franc pour l’entretien de nos routes depuis 2018. De plus, la mairie n’a jamais soumissionné à un appel d’offres pour l’entretien routier. Les milliards de FCFA de ce fonds ne sont pas destinés au District. On ne sait pas comment ce fonds est géré », a clarifié M. SANGARE qui sonne comme un droit de réponse aux autorités qui l’indexent d’être le gestionnaire dudit fonds.

Par ailleurs, M. SANGARE précise que les 380 millions accordés à la mairie, auxquels les autorités font référence, proviennent du fonds d’appui institutionnel et non l’argent d’entretien routier. Et cette somme représente quoi dans l’entretien des routes de Bamako ? S’interroge-t-il. À peine, poursuit-il, elle peut suffire à entretenir la mairie centrale.

Pour Adama SANGARE, il est temps que le gouvernement clarifie cette affaire de la gestion du Fonds d’entretien routier en vue d’éviter tout amalgame.        

Outre cette situation qui porte un coup à la décentralisation, l’élu communal s’est indigné aussi de la décision du pouvoir central de transférer la vente les vignettes des motos taxi au ministère de l’économie et des finances, à travers les impôts.   

« Après s’être battue pour la régulation et l’organisation de ce secteur, maintenant ils tentent de confier la vente des vignettes des motos taxis aux impôts. Cela n’est pas normal, surtout que la vente des vignettes pour les deux roues est conférée aux collectivités », a-t-il dénoncé, tout en sollicitant l’implication du gouverneur pour rectifier le tir.

En plus d’être incapable de transférer les compétences financières aux collectivités, l’État est en train, au même moment, de les soutirer de leurs poches de recettes, fulmine-t-il.

« L’État est en train de tuer les collectivités. La décentralisation va mourir », a tempêté Adama SANGARE.

Par ailleurs, le problème d’assainissement a encore été au cœur des préoccupations soulevées par les intervenants. Répondant à cette épineuse et récurrente question, l’élu communal situe la responsabilité de cette situation à plusieurs niveaux.

D’une part, il accuse l’État malien de ne pas respecter les textes de la décentralisation et, d’autre part, des citoyens qui ne s’acquittent pas de leur obligation par le paiement de la taxe de la voirie et de la TDRL. Avec la TDRL dont le montant est fixé à 3000 FCFA par an, la mairie peine à recouvrir les 10%.

« L’image de Bamako ne nous honore pas. Ça nous fait mal de voir la ville dans cet état. Mais aujourd’hui, la mairie n’a pas les moyens financiers de faire face au problème », a-t-il avoué.

À cause également de la faiblesse de ses recettes, l’hôtel de ville n’arrive pas depuis quelques années à initier les opérations de curage des caniveaux et des collecteurs à l’approche de chaque l’hivernage, s’est-il lamenté.

Le maire du District a été aussi interpellé sur les cas des impayés des GIE qui trainent durant des mois après avoir accompli leur part du contrat d’assainissement et de curage des caniveaux. Là également, l’État est sur le banc de l’accusé qui a instruit à la mairie d’engager ces opérations.

« C’est l’État qui a initié ce projet tout en nous autorisant d’engager les GIE pour faire le travail. C’est l’État qui devrait payer les factures évaluées à 5 milliards de FCFA. À ce jour, le gouvernement n’a payé que 400 millions de FCFA », a précisé M. SANGARE.

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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