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Adam Thiam : Une plume «agréable» s’en est allée

Notre confrère Adam Thiam s’est éteint le 18 mars dernier à l’âge de 67 ans. Ses funérailles empreintes d’intenses émotions se sont déroulées hier au Centre islamique d’Hamdallaye, en présence de l’ancien président de la République par intérim, Pr Dioncouda Traoré, de l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, du secrétaire général de la présidence, Dr Sékou Doumbia, des anciens ministres et d’une foule nombreuse de parents, amis, collaborateurs, journalistes et communicateurs.

Celui qui avait la plume alerte mais surtout agréable a incontestablement marqué les esprits par la finesse de ses analyses, l’humour qu’il restituait dans sa chronique : «De quoi je me mêle» mais aussi son approche des grandes préoccupations ou questions essentielles de la vie de la nation. Il a été porté à la tête de la Cellule de communication de la présidence de la République en novembre 2019 et y est resté jusqu’à sa mort. Diplômé en sciences humaines de l’université de Dakar (1978) et titulaire d’un Master en communication pour le développement de l’Université de Harvard (USA) en 1995, après une spécialisation en sécurité alimentaire à la London School of Hygiene and Tropical medicine en 1984, il avait travaillé pour plusieurs ONG à l’étranger et au Mali.

Journaliste hors-pair, Adam Thiam fut d’abord chroniqueur au Républicain, puis directeur de publication du journal «Tarik-Hebdo» qu’il avait créé en 1998, avant d’être collaborateur de Arawane infos, puis Bendéré (site Internet). Il écrivait aussi pour plusieurs sites d’informations et était invité fréquemment sur les plateaux de Africable, une télévision privée, pour verser son avis dans le «Débat du dimanche» sur l’actualité nationale et internationale. Il avait également mis son expertise au service de la Mission de décentralisation.

Le communicant au riche parcours professionnel a été aussi directeur du plaidoyer et de la communication au niveau du Bureau Afrique de la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF) à Naïrobi au Kenya. Il avait également travaillé comme conseiller à la communication et porte-parole du président de la Commission de l’Union africaine (UA) de 2003 à 2005, sous le mandat de l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré. Journaliste-consultant, Adam Thiam a été un véritable globe-trotter. Il est aussi bien connu dans la sphère médiatique que dans le monde des ONG internationales.

L’ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Tiébilé Dramé a lu l’oraison funèbre de son ami de longue date. Il révélera ne s’être jamais préparé à cet exercice parce qu’en ayant toujours pensé le contraire. Pour lui, il s’agit donc d’un départ brusque de celui qu’il a connu d’abord au lycée de Badalabougou, avant de le retrouver à Londres au milieu des années 1980, où Adam Thiam travaillait pour le compte d’une ONG et lui-même pour Amnesty international. Tiébilé Drame témoignera aussi des qualités de son ami, de son engagement dans la lutte pour la liberté et la démocratie au Mali.

Adam Thiam était en première ligne des manifestations des Maliens devant la BBC en mars 1991 pour faire écho aux mouvements des différentes associations et organisations dans la quête de liberté et de multipartisme dans le pays. Certes, le prestigieux communicant qu’il fut aimait les grands auteurs, mais il était aussi féru de musique malienne. Son job avec les ONG l’avait amené à parcourir mais surtout apprécier le pays profond.

Pour Sékou Tangara, directeur de la rédaction de Africable, Adam Thiam était un journaliste émérite qui mettait en avant le devoir d’informer. Et de rappeler que le défunt aimait répéter que «le journaliste doit aider à faire comprendre au lieu de chercher à mettre à mal son interlocuteur».

Le porte-parole de la presse estimera qu’Adam était simplement un sage. Lui aussi fait sienne une citation de l’écrivain Massa Makan Diabaté : «La mort ne surprend pas le sage». Pour lui, Adam Thiam, durant toute sa vie, a préparé sa mort et s’est toujours battu pour la laïcité et le caractère indivisible du Mali. Quant à Jaffar Thiam, il a loué les qualités humaines de son père. « Il nous a toujours enseigné l’humilité, la dignité et le sens du partage. Il était simplement un homme très généreux», a-t-il témoigné.

Adam Thiam est chevalier de l’Ordre national du Mali et chevalier de l’Ordre national des Arts et des Lettres de la France. Il repose désormais au cimetière d’Hamdalaye.

Youssouf DOUMBIA

Source : L’ESSOR
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