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Accord de paix au Mali : La communauté Bellah dénonce son exclusion dans les organes de gestion

Suite à l’adhésion du peuple Bellah à l’Organisation des Nations et Peuples Non Représentés (UNPO), les responsables de l’Association Malienne pour la Sauvegarde de la Culture Bellah (AMASCB-IKEWAN) ont animé une conférence de presse hier mercredi 12 juillet 2017 au Carrefour des jeunes de Bamako pour « interpeller l’Etat du Mali, qui doit impérativement réhabiliter cette communauté en l’intégrant dans les discours, les ouvrages scolaires, les rencontres et commissions nationales et dans tous les autres actes de la République . La communauté Bellah exige coûte que coûte sa reconnaissance par les pouvoirs publics. Elle exige aussi sa participation dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

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« La lutte du peuple Bellah n’est pas menée contre qui que ce soit. Elle vise à sauvegarder son identité et tous ses droits constamment menacés et violés. Nous avons attendu en vain la main de l’Etat, sa protection et sa justice. Nous avons été très souvent écartés, spoliés, ignorés, brimés et humiliés par les pouvoirs publics », a déploré le président de l’AMASCB-IKEWAN, Assibit Ag Akado qui animait ladite conférence de presse. On notait également la présence de l’artiste AMI WASSIDIE TRAORE, Amazone du peuple Bellah, de Ag Intazoumé Moussa Dicko de la communauté Bellah et d’autres personnalités à cette conférence.

Reconnaissance du peuple Bellah par l’UNPO

Selon le conférencier, Assibit Ag Akado, l’Association Malienne pour la Sauvegarde de la Culture Bellah IKEWAN, s’est engagée depuis sa création le 03 Aout 2015 à faire connaître, non seulement, le peuple Bellah au Mali, en Afrique et dans le reste du monde, mais aussi, à lutter pour qu’il recouvre tous ses droits sur la terre malienne. « Nous sommes heureux de vous annoncer que le premier objectif est en passe d’être atteint, car depuis le 28 Juin 2017 l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations et Peuples Non représentés(UNPO), tenue à Edinbourg en Ecosse a officiellement reconnue le peuple Bellah comme membre de la dite organisation. C’est le lieu pour nous de remercier l’UNPO qui nous a admis avec beaucoup d’attention », a-t-il dit.

Avant d’ajouter qu’après cinquante sept années de souveraineté nationale, il est dommage et regrettable qu’au Mali, une des communautés les plus nombreuses et des plus laborieuses soit encore confrontée à des problématiques de reconnaissance ou de représentation. Pour lui, la lutte des peuples à travers le monde pour la liberté et le progrès, le constat amer de leur marginalisation et de leur non représentation autour des questions locales et nationales, ont suscité l’éveil et la détermination du peuple Bellah, à assumer son histoire et de sortir des amalgames, de la marginalisation et du déni d’existence dans lesquels il a été longtemps maintenue.

« Malgré notre histoire, notre présence remarquable sur la plus grande partie du territoire national, et les multiples sollicitations émises par des associations communautaires auprès des pouvoirs publics, les autorités du Mali peinent encore à nous considérer et nous traiter sur le même pied d’égalité que les autres communautés du nord et du reste du pays. Ce déni de reconnaissance et de considération, soutenu par une stigmatisation persistante et par le sens d’esclave que le dictionnaire Français a donné à tort au terme Bellah ont contribué gravement à l’effritement de la communauté », a-t-il dit.

Akado a précisé que Bellah ne signifie esclave dans aucune langue. C’est donc face à ces problématiques que l’A.MA.S.C.B «  IKEWAN » s’est fixée comme objectifs d’abord de rassembler sous l’identité de BELLAH une communauté écartelée par des pesanteurs socio-économiques et culturelles multiples. Ensuite de promouvoir la solidarité et l’entente entre ses membres. Et enfin, de protéger et promouvoir l’art, la culture et les droits du peuple Bellah. Il a fait savoir que la certitude la plus partagée est le caractère transversal de la communauté Bellah, qui fait d’elle un creuset social et culturel dans lequel peuvent se reconnaître la quasi-totalité des communautés du Mali.

Les Bellah exigent leur participation au Comité de suivi de l’accord

« La lutte du peuple Bellah n’est pas menée contre qui que ce soit. Elle vise à sauvegarder son identité et tous ses droits constamment menacés et violés. Nous avons attendu en vain la main de l’Etat, sa protection et sa justice. Nous avons été très souvent écartés, spoliés, ignorés, brimés et humiliés par les pouvoirs publics. Dans ces conditions, notre peuple ne saurait s’attendre à l’aide des Partenaires techniques et financiers (PTF) lorsque son existence même est niée par les plus hautes autorités du Mali » a déclaré Ag Akado dans sa déclaration liminaire.

A l’en croire, le Peuple Bellah compte de nombreux grands diplômés, qui malgré leur compétence et leur loyauté ne se voient confié aucun poste ministériel, aucune direction nationale, aucun ambassadeur, aucun poste de grande envergure. « Les organes de gestion de l’accord de paix (Comité de suivi de l’accord (CSA), MOC, RSS, Autorités Intérimaires, Conseillers Spéciaux des Gouverneurs, commission de rédaction de la charte pour la paix, la commission chargée de la cartographie des terroirs des régions du Nord….) ont été quasi exclusif pour nous.

Comment donc ce peuple peut-il aspirer au développement et à moins de dépendance lorsqu’ il est occulté au cours des négociations, des discussions, des programmations ou attributions de quotas qui regroupent autorités et communautés autour d’une même table ; lorsque ses meilleurs élèves et étudiants ne peuvent compter sur aucun « bras long » pour bénéficier de bourses d’étude à l’extérieur ; lorsque ses cadres ne bénéficient pas des mêmes traitements ou promotions dont jouissent des cadres souvent moins méritants des autres communautés », a-t-il martelé.

A ses dires, la reconnaissance du peuple Bellah par l’UNPO interpelle en premier lieu l’Etat du Mali, qui doit impérativement réhabiliter cette communauté en l’intégrant dans les discours, les ouvrages scolaires, les rencontres et commissions nationales et dans tous les autres actes de la République. « Nous attendons des autorités qu’elles jouent pour nous le rôle d’avocat lorsque nous poserons une plainte contre les auteurs des contre vérités du dictionnaire Français, qui trouvent au nom Bellah le sens d’esclaves des Touareg. Le peuple Bellah attend impatiemment d’être écouté, et entièrement impliqué à travers ses représentants légitimes dans toutes les discussions, négociations, et recherche de solutions pour un Mali du sud, du centre et du nord durablement engagé dans la voix de la paix et du développement », a-t-il souhaité.

Le peuple Bellah exhorte l’Etat à s’investir définitivement de toutes ses missions régaliennes ; de sécurité, de protection des populations, de développement, de justice, d’équité, de veille et d’anticipation pour préserver le bon vivre ensemble au Mali. La communauté Bellah rêve de voir un jour, l’Etat du Mali tourner définitivement la page des réformes imposées par des prises d’armes soutenues par l’agenda d’une Communauté Internationale «partisane ».

Quelles sont les actions futures à mener par la Communauté Bellah pour qu’elle soit reconnue davantage ? En réponse à cette question, le conférencier Sbeyti Ag Akado dit ceci : « On ne va pas prendre des armes. On n’a pas d’armes…on va mener des activités culturelles, des actions de développement, de sensibilisation, et de réclamation des droits. Le droit va obliger l’Etat à nous reconnaitre ».

Aux dires de Ag Akado, la subordination de la communauté Bellah à d’autres communautés est terminée. Pour sa part, l’artiste AMI WASSIDIE TRAORE s’est dit fière d’être Bellah. Quant à Ag Intazoumé Moussa Dicko de la communauté Bellah, les Bellah sont l’une des anciennes ethnies au Mali qui mérite respect et considération.

Aguibou Sogodogo

Source: Le Républicain

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