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4 juillet 2006 : Le jour où l’Algérie divisait définitivement le Mali

Il y a huit ans ( le 4 juillet 2006), les Maliens signaient, à travers le ministre de l’Administration territoriale de l’époque, le général Kanfougouna Koné et les représentants du regroupement qu’on appelait « Alliance du 23 mai », les Accords dits d’Alger. Un document qui avait fait l’objet d’une contestation incroyable, jusqu’à la présidence de l’Assemblée nationale. Dont le président était un certain…. Ibrahim Boubacar Kéïta.

 Abdelaziz Bouteflika president algerie candidat presidentielle

A l’époque, la Libye venait d’ouvrir un consulat à Kidal et Moammar Kadhafi avait fait le tour du Mali, de la manière dont on sait, avec tout le boucan qui lui sied, abandonnant même souvent son hôte ATT dans certaines villes, telles que Tombouctou. On doutait déjà que quelque chose allait se passer au Nord avec ces agissements de Kadhafi et que l’Algérie n’allait jamais accepter que ce pays s’installe dans une zone qu’il considère comme son pré-carré, à savoir le Nord-Mali.

Les choses se passèrent exactement comme on le craignait. Quelques mois après, la crise éclata à Kidal. Des hommes armés attaquèrent, en plein jour, le camp militaire de Kidal avec son lot de morts, d’humiliation. Après quelques mois de tension, l’Algérie vint (encore une fois) à la rescousse, comme médiateur et éteignit le feu qu’il avait allumé, à travers la signature d’un accord par lequel le Mali retirait ses militaires de la plupart des postes frontaliers dans le septentrion et consacrait l’abandon de toutes ces zones par notre pays, donc sa partition de fait en ces termes :

– « Poursuite du processus de délocalisation des casernes militaires dans les zones urbaines conformément aux dispositions du Pacte National ;

– Retour, sous l’égide du facilitateur, de toutes les armes et munitions ainsi que de tous autres matériels enlevés depuis les attaques du 23 mai 2006 de Kidal, Ménaka et Tessalit selon les modalités arrêtées dans le présent accord ;

– Création en dehors des zones urbaines de Kidal d’unités spéciales de sécurité, rattachées au commandement de la zone militaire et composées essentiellement d’éléments issus des régions nomades, dans les proportions assurant l’exécution efficace des missions des Unités Spéciales de Sécurité

– L’acte de création de ces unités déterminera leur nombre, leur tableau d’effectif et de dotation, leur implantation et leurs caractéristiques… »

Ces passages du texte étaient clairs. Le Mali acceptait, à travers ledit document, de n’avoir des militaires que dans les grandes villes et la création d’unités spéciales, composées essentiellement d’éléments issus des régions nomades, donc d’anciens rebelles soutenus par l’Algérie. Et comme nous l’évoquions dans notre précédente parution, ce sont ces unités qui faisaient l’affaire de l’Algérie. Car, le pays de Bouteflika profitait de ces groupes pour contrôler le Nord du pays et se tenait au courant de tout ce qui s’y passait. Pire, ils avaient et ont aussi des unités qui travaillent de concert.

Mieux, pour prouver que la zone de Kidal était une zone spéciale et que des faveurs devaient être accordées à cette ville au détriment des autres zones, il a été décidé dans le même document une « reconduction pour une durée de dix (10) ans du régime préférentiel fiscal défini par le Pacte National pour les régions du Nord du Mali, en vue d’attirer et d’encourager l’investissement. On insiste aujourd’hui, du côté des rebelles et de leur soutien, l’Algérie, sur les engagements pris par l’Etat et on oublie des dispositions telles que : « Le retour, sous l’égide du facilitateur, de toutes les armes et munitions ainsi que de tous autres matériels enlevés depuis les attaques du 23 mai 2006 de Kidal, Ménaka et Tessalit selon les modalités arrêtées dans le présent accord ».

Pourquoi l’Algérie, la Communauté internationale n’a jamais exigé à ce que les rebelles rendent toutes les armes volées dans les camps militaires lors des attaques du 23 mai.

Pour ce qui concerne la protection des rebelles, le passage qui y est consacré frise à la limite le ridicule et n’a rien à envier aux mesures ségrégationnistes qu’on voit sous d’autres cieux. Il parle de « Gestion avec discernement des officiers, sous-officiers et hommes de rang qui ont quitté leurs unités d’origine pendant les événements du 23 mai 2006, en les intégrant si besoin dans les unités spéciales de sécurité, en mettant à contribution la structure de leurs situations administratives, financières et de carrière, ainsi que leur participation aux opérations de maintien de la paix ». On se demande encore aujourd’hui comment le Mali a pu signer un tel document, qui prouve à suffisance que l’intérêt de ceux qui se battent contre lui aujourd’hui n’est que financier. Sinon, pourquoi insister sur les opérations de maintien de la paix ? On le sait, ce sont ces missions qui paient bien. Et les militaires se battent pour y participer.

Ce n’est pas tout, on parle aussi de la « Création d’un fonds de développement et de réinsertion socio-économique des populations civiles, notamment les jeunes touchés par les événements du 23 mai 2006 sans exclusion de tous les autres jeunes de la région de Kidal, sous le contrôle du conseil régional provisoire de coordination et de suivi. Le conseil sera en outre largement consulté sur le choix du gestionnaire de ce fonds »

De bout en bout, ces accords d’Alger nous démontrent la vraie face de ceux à qui on a à faire, à savoir des individus intéressés simplement par l’argent, le gain facile. Et qui ont trouvé en l’Algérie un complice idéal et en le Mali un Etat faible, avec des autorités pas suffisamment inquiets de l’avenir du pays et des conséquences de leurs actes.

Parce que finalement, tout ça a abouti à quoi ? Des personnes se sont enrichies, le pays a été divisé et elle peine encore à sortir de la crise. Malheureusement, on n’est pas loin de signer un document similaire. Un accord qui pourrait consacrer la division du Mali définitivement. Dieu nous en garde !

Makan Koné

SOURCE: Nouvelle Libération  du   18 juil 2014.
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