L’Union pour la République et la démocratie, URD, a organisé les 22 et 23 novembre derniers, au Palais de la culture Amadou Hampaté Ba, son 3è congrès ordinaire. Congrès auquel ont pris part tous les délégués du parti de toutes les régions du Mali. Les représentants des partis amis au Mali, au Burkina-Faso, au Niger et en Guinée Konakry, ont exprimé leur amitié et sympathie au cours de la cérémonie d’ouverture qui a été marquée par le départ de Younoussi Touré de la présidence du Parti de la poignée de mains et l’adhésion officielle d’Iba N’Diaye qui était jusqu’à ce jour un gros bonnet de l’Adema Pasj.
Ce 3è congrès de l’URD a permis à ses délégués, venus de partout, de relire les textes du parti et de renouveler ses organes. Younoussi Touré, qui a présidé le parti pendant une décennie a décidé, volontairement, de passer le relais à un autre. Et c’est Soumaila Cissé, ancien parrain du parti, qui est désormais aux commandes.
Un hommage a été rendu à Younoussi Touré pour sa gestion sans reproche du parti.
L’honorable Soumaila Cissé a salué le désormais ex-président de l’URD pour la qualité de son leadership, son sens du consensus et du rassemblement, sa rigueur d’organisation, qui ont permis à l’URD de s’imposer sur l’échiquier politique national en si peu de temps. Un trophée Tjiwara lui a été remis en guise de récompense et de reconnaissance pour avoir fait de l’URD ce qu’elle est aujourd’hui : un parti respecté et respectable. Il dit avoir dédié son trophée à tous les militants qui ont œuvré pour que l’URD soit ce qu’elle est aujourd’hui.
«Cher ainé, nous aurions voulu te voir continuer à guider notre action politique, être la boussole qui a su, avec tant de bonheur, orienter notre analyse des questions existentielles du Mali. Mais tu as souhaité passer le relais. Nous respectons ta décision. Ton exemple sera toujours pour nous une référence de l’action réfléchie, efficace et efficiente», a déclaré Soumaila Cissé.
Rappelons que l’URD compte aujourd’hui 55 Sections 679 Sous-sections et 9252 comités sur l’ensemble du territoire et 30 Sections à l’extérieur du Mali. Sous la présidence de Younoussi Touré, l’URD a engrangé 2200 conseillers municipaux, 141 maires, 14 conseillers nationaux, 17 députés et 13 présidents de conseil de cercle.
Un discours d’ouverture qui ne fait aucun cadeau au régime IBK
Le discours d’ouverture de Soumaila Cissé a porté, essentiellement, sur les actions menées par le parti pendant la crise politico-institutionnelle et sécuritaire qu’a connue le Mali en 2012. Mais aussi sur la gestion du pays par l’actuel régime dirigé par Ibrahim Boubacar Kéita.
L’honorable Soumaila Cissé a dénoncé, avec fermeté, toutes les tentatives de division du Mali. Elle a clamé, haut et fort, son attachement à la République, à l’intégrité du territoire national, à la laïcité de l’Etat ; elle a apporté son soutien matériel et financier à l’armée nationale, aux blessés de guerre, aux femmes déplacées du nord et aux victimes des inondations qui ont frappé Bamako en 2013. L’Urd s’est dressé contre le coup d’Etat de mars 2012 et a attiré l’attention de l’opinion publique sur l’avenir des enfants du nord qui était presque compromis par l’arrêt imposé par les djihadistes de toute forme d’éducation. L’URD a défendu la constitution…
En dépit de ces actions patriotiques réalisées, les dirigeants de l’URD, indique Soumaila Cissé, ont été présentés comme des «apatrides, des renégats, ennemis» du Mali et du peuple. «L’URD plus que responsable, ne s’est jamais émue de ces vilenies» a martelé Soumi Champion.
Soumaila Cissé en tant que chef de file de l’opposition et comme il fallait s’y attendre, a son appréciation de la gestion d’IBK qu’il qualifie de gestion «hasardeuse» avec toutes ses conséquences incalculables sur les populations.
Pour le parrain de l’Urd, le Mali est au «déclin», voire à «l’agonie» du fait de la gestion chaotique de l’épidémie de la fièvre Ebola avec son cortège de morts, la non-libération de Kidal, l’abandon des régions du nord par l’administration, la réorganisation des groupes terroristes au nord et l’insécurité généralisée. A ces problèmes, s’ajoutent l’école malienne qui est en danger et la mauvaise gouvernance, le népotisme, le clientélisme qui sont devenus les principales caractéristiques de la gestion des affaires publiques. Autres inquiétudes engendrées par la gestion d’IBK : L’économie qui en mauvaise posture, la jeunesse qui s’interroge sur son avenir, la confiance des partenaires économique du Mali qui s’étiole, la dette intérieure qui gonfle, le panier de la ménagère troué de toutes parts, les inégalités sociales qui s’accentuent …..
Le Mali, affirme M. Cissé, ne mérite pas cette situation, surtout avec tant de forces vives, de jeunes dynamiques, de femmes audacieuses, d’associations généreuses, de militaires dévoués, d’entreprises innovantes, d’enseignants compétents qui sont dévoués pour la cause Mali.
Face à ce coulage ou presque du «Bateau Mali », l’honorable Soumaila Cissé invite les militants et les sympathisants de son parti à unir leurs forces pour ne pas sombrer dans les abimes du désespoir et à croire, d’abord, en la survie du pays et demain en sa vie.
Iba N’Diaye rejoint l’URD
C’est désormais officiel. Iba N’Diaye, ne fait plus partie de l’Adema Pasj, mais de l’Union pour la République et la démocratie (URD), où il a été accueilli à bras ouvert par l’ensemble des militants.
Depuis les élections présidentielles de 2013, lesquelles ont été remportées par Ibrahim Boubacar Kéita, les rapports sont électriques entre Iba N’Diaye et certains dirigeants de l’Adema-Pasj qui ont décidé d’accompagner IBK, alors que d’autres cadres du parti, dont Iba N’ Diaye, estiment que la place de l’Adema n’est nulle part autre que dans l’opposition.
Après avoir tenté, de toutes ses forces, de faire revenir ses camarades de l’Adema à la raison, en vain, Iba N’diaye a pris la décision de quitter son parti, Adema-Pasj, lequel se «prostitue» à ses yeux.
Samedi, 22 novembre, à l’ouverture du 3è congrès ordinaire de l’URD, il a été accueilli sous les ovations de la salle qui était pleine à craquer.
Iba N’Diaye dans un discours qu’il avait préparé pour la circonstance explique les raisons de son départ :«l’Adema-Pasj dont je suis membre fondateur, est dans les liens d’une alliance qui porte préjudice à sa crédibilité… j’ai décidé ainsi, en voyant que le soutien de l’Adema est si aveugle, de tourner le dos et de reprendre ma liberté. Etant militant convaincu, de surcroit que j’ai des choses à faire, que je n’ai pas envie de me lancer dans la création d’un parti politique, j’ai opté de rejoindre un parti qui partage les convictions qui ont fondé mon engagement politique, humanitaire et social…Mon choix s’est porté sur l’URD. Ce choix n’est contre un parti, il n’est pas contre une personne. J’ai décidé de rejoindre l’URD, membre du FDR, de l’opposition et deuxième force politique. En même temps le leader de ce parti fut le porte étendard de notre plate-forme commune aux dernières présidentielles… ».
Rappelons qu’Iba N’Diaye est une bête politique qui n’est plus à présenter au Mali pour avoir été membre fondateur et membre du bureau exécutif national de l’Adema- Pasj et pour avoir occupé des hautes fonctions au Mali : maire du district de Bamako, plusieurs fois ministre, Directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE)…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la démission d’Ibaye N’Diaye est une grande perte pour l’Adema- Pasj déjà divisé entre majorité présidentielle et opposition.
Soumaila Cissé lui a assuré qu’il est, chez lui, à l’URD. Toute chose qui ne souffre d’aucune équivoque quand on sait que l’URD est née d’un éclatement de l’Adema Pasj en 2003.
Et de saisir cette occasion pour rappeler que depuis son dernier congrès, l’URD accueille des milliers de nouveaux adhérents dans toutes les régions du Mali. D’autres nouvelles adhésions sont attendues dans les prochains jours et mois.
Pour le reste, le nouveau président de l’URD, entend se consacrer, d’ores et déjà à la conquête du pouvoir en allant à la rencontre des militants de l’intérieur du pays, en renforçant les structures à la base et en faisant des alliances avec d’autres formations politiques.
Abou Berthé