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31 ans après : Les acteurs du mouvement assument leur héritage commun

Sous l’égide du Parti Africain pour la solidarité et la Justice (Adema-PASJ), les acteurs du mouvement démocratique ont massivement convergé, avant-hier samedi 2 avril 2022, au CICB, dans le cadre d’un panel de haut niveau sur le bilan des 31 ans écoulés depuis la chute du régime UDPM. Les échanges ont été animés par des figures historiques des plus emblématiques de la lutte pour l’avènement de la démocratie au Mali, tels le Pr Ali Nouhoum Diallo, Mme Sy Kadioatou Sow, Me Moundaga Tall, Tiébilé Dramé, Adama Tiémoko Diarra, Moustapha Dicko et Dr Cherif Cissé. La brochette de personnalités aurait pu inclure l’ancien président Dioncounda Traoré et Cheick Oumar Sissoko du Mali-Koura, tous annoncés mais finalement empêchés. En revanche, l‘éclat de l’événement et d’échange aura été rehaussé par la présence de Zoumana Sacko, Adama Samakekou, Tiémoko, Sangaré, Oumar Ibrahim Touré, Boubacar Bah Bill, entre autres acteurs.

Quant à la salve des témoignages, elle a déclenché avec Dr Cherif Cissé qui, à propos du renversement de Moussa Traoré, s’est inscrit en faux contre la thèse d’un complot orchestré par la France ou d’une manipulation de la jeunesse. Selon lui, les acteurs ont été plutôt manipulés par leurs problèmes et la colère d’avoir perdu des camarades de lutte. S’adressant à ceux qui voudraient faire croire aux Maliens que tous les problèmes du Mali incombent aux acteurs du mouvement démocratique, notamment l’effritement du système de défense, il dira que c’est plutôt «Moussa Traoré et sa bande» qui ont décapité l’armée en renvoyant tous ceux qui les dépassaient en grade, assassiné d’autres comme Diby Silas Diarra et renvoyé les militaires soviétiques en charge de la maintenance de l’outil de défense. «Nous n’avons pas bénéficié de l’armée du général Soumaré mais celle de Moussa : une armée corrompue et voleuse», a-t-il martelé. Et l’ancien Premier ministre de la Transition de 1991, Soumano Sacko, de renchérir, en laissant entendre que Moussa Traoré n’a guère légué une armée digne de ce nom au mouvement démocratique. Il en veut pour preuve la guerre en demi-teinte contre le Burkina-Faso à l’issue de laquelle un chef d’Etat-major a été dégradé et destitué de sa fonction. Parlant de la démocratie malienne, il a déploré que des acteurs du Mouvement démocratique soient ses premiers pourfendeurs, allusion faite notamment à l’adoubement de coups d’État par certains ainsi qu’à la contribution d’autres au retour du pouvoir de l’UDPM en 2020. Quant au plongeon du Mouvement, les dérives et déviances, à ses yeux, ont commencé en 1994 avec la dévaluation du franc CFA sous la pression des bailleurs de fonds et à la faveur de laquelle le parti au pouvoir, l’Adema, a éclaté en deux tendances antagoniques. Contrairement aux allégations d’héritiers du général Moussa Traoré, pour Moustapha Dicko, les évènements de Mars 1991 ont été bel et bien émaillés de tueries de jeunes gens, femmes et hommes tombés sous les balles d’un régime hostile aux libertés individuelles ainsi qu’aux libertés associatives et politiques. Et, à la différence de Me Tall pour qui le mouvement démocratique s’est arrêté le 9 juin 1992, Moustaph Dicko estime qu’il «a continué et continuera tant que les acteurs seront vivants»

Sans langue de bois et sans complaisance, l’ancien ministre Adama Tiémoko Diarra estime pour sa part que le Mouvement démocratique, après la conquête du pouvoir, est surtout blâmable d’avoir négligé son devoir et sa responsabilité historiques.

Pour Tiébilé Dramé du Parena, le bilan des 31 ans de démocratie doit se juger à l’aune du souvenir des années 1980, de la mobilité sociale, du système éducatif, de la décentralisation, des libertés politiques et de la libération des initiatives économiques, qui portent selon lui les marques du changement. «31 ans après, nous avons un pays divisé, menacé dans son existence et où les libertés fondamentales sont menacées, une bonne partie sous le joug de terroristes, la menace séparatistes, un pays isolé et sous sanction alors que 47% de la population vivent dans l’extrême pauvreté», a constaté toutefois le président du Parena, pour qui la plaie de la démocratie et des tombeurs du Général Moussa Traoré résident dans la dispersion des différentes sensibilités avec notamment, des démocrates libéraux, des démocrates révolutionnaires, des révolutionnaires de gauche, des marxistes révolutionnaires et partisans de la révolution ininterrompue. Le Mouvement démocratique a le devoir, par conséquent, de faire le bilan de sa gestion sans complaisance jalonnée selon lui d’avancées mais aussi corruption.

Quant à Oumar Mariko, il soutient que l’échec du mouvement démocratique tient plutôt à la différence d’agendas, aux divergences d’orientations de ses acteurs voire l’absence de programme commun. Et Ali Nouhoum Diallo d’en déduire la nécessité d’une union salvatrice afin de sortir le Mali des abîmes.

Amidou Keita

Source: Le Témoin

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