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234 275 EMPLOIS CREES SELON LE MEFP : A-t-on aussi recensé les hackers ?

Tristement célèbre pour ses sorties médiatiques ratées qui ne vont pas sans courroux dans l’opinion publique, Maouloud Ben Kattra, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a encore fait parler de lui courant cette semaine. Les chiffres par lui avancés à la faveur de la conférence de presse qu’il a animée en début de semaine, laissent indifférents plus d’un.

« Dans le récapitulatif des emplois créés, nous avons 114 442 Emplois créés par le secteur privé, 118 777 par le secteur public, 10 136 auto-emplois créés par les structures de mon département. Ce qui fait un total de 243 355 emplois créés… Si nous retranchons les pertes d’emplois estimés à 9080, nous nous retrouvons avec 234 275 emplois effectivement créés au 31 décembre 2017 ».
C’est Maouloud Ben Kattra, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, qui le dit. Des chiffres perçus comme une insulte par l’opinion publique, puisque, dit-on, le ministre Ben Kattra est le seul à se féliciter d’un tel bilan. Et pourtant, il y a des documents à travers lesquels l’on tente de prouver ces chiffres.
Dans des documents rendus publics par le département de Ben Kattra, l’on essaie difficilement de faire le point sur les différents secteurs dans lesquels ces emplois jugés « fictifs » ont été créés de 2013 au 31 décembre. Et c’est au chapitre du secteur que l’on constate le grand désordre. Tous les domaines y ont été presque touchés.
Agriculture-pêche, industrie extractive, industrie manufacturière, électricité-eau, BTP, commerce, restaurant hôtel, transport-entrepôt, communication, banque, assurance affaires immobilières, services fournis aux entreprises, services fournis aux collectivités, services sociaux, service personnel, autres activités de services NCA, activités spéciales des ménages, activités des organisations extraterritoriales… Et patati et patata. Et surtout.
Le hic est qu’il y a des emplois dont le département de Ben Kattra ignore dans quel domaine ils ont été créés. Les documents faisant le point les présentent comme les « Activités mal désignées » et ces emplois les plus assaillants sont présentés comme les « Autres ».
« Activités mal désignées » ou « Autres » ? Cela sous-entend tout et ça crée davantage la confusion. Qui sait s’il s’agit par-là de ces charretiers, ce petit vendeur d’essence au détail du coin de la rue ou encore ce jeune autrement appelé hacker qui, par manque d’emploi, essaie de mettre en jeu ses compétences informatiques en passant toute la journée dans un cyber à faire chanter de paisibles citoyens avec des images truquées. Toutes choses qui prouvent à suffisance que Maouloud Ben Kattra doit revoir ses chiffres.
Paradoxalement nous voyons à l’autre bout de la rue une jeunesse déboussolée, dépaysée en quête d’emploi. C’est pourtant visible autour de chacun de nous. Le calcul est facile par le Malien lambda. Combien de diplômés sans emploi dorment dans les familles ? Beaucoup croupissent à la maison en attendant la réalisation des chiffres du ministre Ben. Une évidence : tous les signaux sont présents pour attester que le chômage a pris une proportion jamais égalée ces temps-ci.
Sur le plan social, le chômage notamment des jeunes est un terreau propice à l’éclosion de l’agressivité et de la violence vis-à-vis des institutions, la défiance envers la politique, et plus largement envers tout ce qui représente une autorité. La montée des extrémismes favorise celle des tensions sociales, prémices de conflits plus graves. Et qui dit violence dit augmentation de la délinquance et de la cybercriminalité, avec son lot d’insécurité qui détruit le tissu social avec une population désespérée, qui baisse les bras et devient fataliste, dans la violence comme dans l’apathie.
Aujourd’hui, au Mali, entre les salariés, la hausse du chômage dégrade les relations entre collègues et avec la hiérarchie car la possibilité du licenciement est plus grande, la précarisation des emplois s’accentue, les augmentations salariales se font attendre, au mépris des justes revendications des travailleurs, et malgré tout l’on nous demande de prendre nos vessies pour des lanternes.

Dougoufana Kéita

LA SIRENE

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