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21e session de l’EID: le scepticisme des défenseurs des droits de l’homme

La 21e session de l’Espace d’interpellation démocratique (EID) s’est tenue le samedi dernier, au Palais des Sports du Bamako, sous la présidence du Premier ministre, Modibo KEITA. Sur le rôle de cette journée, 234 interpellations adressées aux autorités politiques et administratives du pays ont été retenues par la Commission d’organisation. Ces interpellations ont été examinées par un Jury d’honneur de 9 membres dirigé par le ministre guinéen de l’Unité Nationale, Kalipha DIASSANA.

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Membres du Gouvernement ; Partenaires au développement ; organisations de défense des droits de l’Homme ; membres de la société civiles ; interpellateurs étaient nombreux à prendre part à cette journée qui s’inscrit dans le cadre de la Journée commémorative de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Institué dans notre pays depuis 1997, l’EID a pour objectif de contribuer de manière active et pédagogique à la réalisation d’une culture nationale et d’impulser de façon significative la politique de la promotion et de protection des droits et libertés des citoyens.
Le nombre des interpellations en hausse
A l’entame de ses propos pour l’ouverture des interventions, le Médiateur de la République, Baba Akhib HAIDARA, a fait observer une minute de silence à la mémoire de Fatoumata Siré DIAKITE et Me Brahima KONE. Il a indiqué que ces deux personnalités, en plus d’être des membres de jury de l’EID par le passé, ont été de tous les combats en faveur de la protection des droits de l’Homme.
Ensuite, il a informé que la dynamique enclenchée de susciter l’intérêt du plus grand nombre de la population à l’EID est en train de produire des effets positifs en faisant remarquer le nombre élevé des demandes d’interpellation. Pour cette édition, a-t-il fait le point, en termes de participation, la Commission d’organisation a enregistré 234 demandes d’interpellation, contre 206 demandes l’année dernière.
En outre, il a noté avec satisfaction que parmi les demandes d’interpellation ce sont des populations des régions qui ont fait plus de sollicitations, contrairement aux éditions précédentes. Il a précisé que 56,41% des demandes provenaient des régions du pays, contre 43,59% pour le District de Bamako.
Se réjouissant de ces chiffres, il a signalé toutefois que le Bureau du Médiateur de la République a des efforts à consentir en vue de stimuler la participation des femmes et des Maliens de l’extérieur qui peinent à se manifester à l’EID.
Aussi, le Médiateur de la République a évoqué dans son intervention les nouvelles mesures de cet espace d’information de l’opinion publique nationale et internationale sur l’état des droits de l’Homme dans notre pays. Il a indiqué à cet effet que le nombre des membres du Jury d’honneur est passé de 7 personnes à 9. De même sera institutionnalisé une cérémonie de lancement de campagne d’interpellation du Gouvernement à Bamako ou en tout lieu du territoire national. Dans la même veine de renforcer la qualité de l’Espace, il sera édité un guide d’élaboration des recommandations du jury d’honneur.
Il a expliqué que l’objectif de ces nouvelles mesures est de donner une plus grande efficacité aux mécanismes de fonctionnement de l’EID et d’assurer une meilleure appropriation du concept de ce forum par les Maliens dans l’optique de contribuer un meilleur ancrage dans la démocratie de notre pays.

Les observations de la société civile
Quant au président de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH), Me Moctar MARIKO, s’est indigné de l’approche du Gouvernement pour la promotion et de la protection des droits de l’Homme. De façon générale, il a estimé que la justice à laquelle peuple aspire n’est pas un acquis pour notre pays. Il reproche au système judicaire l’inexécution des décisions de justice ; l’absence de jurisprudence constante au niveau de nos juridictions ; l’abus de la Cour suprême de son pouvoir et la lenteur dans les procédures judiciaires en faisant allusion aux dossiers de crimes commis dans le nord du pays.
Sur ce dernier point, il a exprimé son amertume et montré son indignation au Gouvernement qui est en train de se focaliser uniquement sur les mécanismes non judiciaires au détriment de la justice répressive avec la Commission vérité, justice, réconciliation. A son avis, cela constitue une entrave grave aux droits inaliénables des victimes de la crise à la justice.
Spécifiquement, par rapport à la tenue de l’EID, il a indiqué que les organisations membres de l’AMDH sont de plus en plus sceptiques quant à sa portée sur le respect des droits de l’Homme, l’Etat de droit et la démocratie dans le pays à cause notamment de la souffrance des dossiers retenus pour suite à donner, du retour de certains dossiers légitimes à plusieurs reprises.
« Certes, l’exercice en soit demeure capital dans l’affirmation de la démocratie avec ses corollaires des libertés fondamentales et la libération de la parole, mais malheureusement les montagnes accouchent couramment d’une souris», a estimé M. MARIKO.
Pour améliorer la tendance, il a proposé aux autorités de revoir et de repenser la méthode de suivi des recommandations de l’EID ; de renforcer l’indépendance du Médiateur de la République.
Dans la même veine, le président d’Amnesty International ajoutera que la justice a été foulée au pied par le Gouvernement en faisant libérer au moins de 200 détenus dont plusieurs personnes auraient été impliquées dans des crimes commis entre 2012-2013.
Par ailleurs, le Secrétaire permanent de l’EID a fait le point de certaines recommandations du Jury d’honneur de l’édition 2015 pour l’indemnisation des victimes. Il a confirmé que grâce au combat du Médiateur de la République, les victimes des travaux de la construction de la ligne de haute tension entre la Côte-d’Ivoire et le Mali ont été indemnisées tout en déplorant le retard dans le traitement de certains dossiers.

Par Sikou BAH

 

Source: info-matin

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