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100 jours après les sanctions: jusqu’où le Mali va tenir ?

9 janvier 2022 – 19 avril 2022, cela fait cent (100) jours depuis que des pays frères, partageant la même histoire, voguant sur les mêmes braises et cheminant vers le même destin ont pris la responsabilité historique de mettre le nôtre sous un infâme blocus frontalier, économique et financier.

 

Les chefs d’Etat de la CEDEAO, le 9 janvier 2022, ont décidé de punir le Mali en prenant des sanctions injustes, excessives et illégales contre notre pays, au motif de lenteur pour le retour à l’ordre constitutionnel suite au coup d’État contre feu Ibrahim Boubacar KEITA en août 2020.

Ça fait 100 jours que le Mali, confronté à des problèmes sécuritaires outre les difficultés économiques, se bat contre ces sanctions et les Maliens aussi qui sont d’ailleurs les plus frappés.

L’autre question d’actualité qui rime avec les mauvaises nouvelles, ce n’est pas que l’annonce presqu’officieuse de la mort d’un instructeur russe au combat contre les djihadistes, ce qui constitue un aveu de la présence des russes de Wagner aux côtés des FAMa. L’annonce de la suspension par la Banque mondiale des projets qu’elle finance dans notre pays constitue un très mauvais signal voire une alerte pour les économistes. Prétexte avancé par l’Institution de Breton Woods : l’accumulation des échéances au titre du service de la dette publique extérieure.  En d’autres termes : l’impossibilité pour notre pays d’honorer ses engagements au titre du service de la dette publique extérieure suite aux sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA.

Il n’y a pas que la France, la CEDEAO et l’UEMOA, l’Union Africaine, la banque mondiale, la banque africaine pour le développement (BAD), la banque islamique pour le développement (BID), l’Union européenne, la Grande Bretagne, les Etats-Unis, tous ont réduit voire arrêté leur financement sur des projets depuis le coup d’État du 18 août 2020 et/ou la rectification opérée le 24 mai 2021.

Avec cette valse de sanctions et d’abandon en plein vol, le Mali des colonels peut-il tenir ? La Banque Mondiale n’est qu’un instrument de plus de propulsion de la puissance et de l’influence des pays occidentaux qui veulent faire plier le Mali. Les prétextes ne manquent pas, ne manqueront pas pour faire incliner le Mali. Combien de temps encore les nationalistes et patriotes du Mali vont-ils pouvoir tenir ?

Cent jours (100), après tout ceux qui ont fait le pari de l’affaissement rapide du système rebelle au sein de la zone UEMOA (du pré-carré colonial français), et de l’effondrement du régime des colonels que le néo-colonialisme et ses valets s’apprêtent à cueillir comme un fruit mûre doivent mettre à jour leurs logiciels. Parce que visiblement la stratégie d’asphyxie économique et financière de l’UEMOA sous la dictée de la France assistée de manière complaisante par l’Union européenne n’a pas donnée les fruits escomptés, mettre à genoux les colonels et leur obliger à un honteux compromis avec la CEDEAO sur le quand et comment nous devrions gérer notre Mali Koura.

En effet, au-delà du prétexte brandi du protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, ressassé à toutes les sauces, vouloir imposer aux forceps au Mali un chronogramme électoral, c’est non seulement vouloir ramener tous les défis qui étouffent aujourd’hui la nation malienne à une simple équation électorale, mais c’est aussi vouloir dicter à un pays souverain le modus operandi et le Momentum de la mise en place des institutions légitimes (femmes et hommes) qu’elle veut se donner pour l’avenir…

Cent (100) jours après les sanctions, l’option souveraine prise par les autorités de la Transition, largement endossée par les populations qui s’y reconnaissent (au-delà des recommandations des Assises nationales de la refondation) est loin d’être avalisée par la classe politique et les milieux affairistes. Pour les cadres politiques et les intellectuels, mis en touche si ce n’est au N’Gnouff, s’opposer aux diktats et oukases de la CEDEAO et de son commanditaire français c’est engager un bras de fer risqué aux conséquences incalculables pour les pauvres populations qui en seront les principales victimes. L’opinion quoique fort soutenue avec une profusion d’hypothèses tout aussi respectables est vite envoyée à l’inquisition par les tenants de la ligne nationaliste dure qui prône le « Saya ka fusa malo yé » ! Parce que les patriotes engagés sur les remparts du Mali-Kura pensent que la solution devrait être tout autre que l’aplatissement, le renoncement à la dignité, la capitulation, la contrition ou de honteuses excuses à la France et à la CEDAO pour être en odeur de sainteté auprès d’elles, pour rentrer dans leurs bonnes grâces, pour survivre dans le déshonneur et dans l’indignité.

Pour l’avènement du projet commun du Mali-Kura devrions ensemble convenir qu’il y va de notre suivie commune de procéder à un rétropédalage sans rétroviseur vers la France et la CEDEAO ? Il serait hautement hasardeux de préconiser comme le réclame la rue une rupture sans sommation avec la CEDEAO. Mais la vérité est aussi que la ligne de fracture avec Abuja n’est pas que deux mois (18-16 mois), mais bien le respect sacro-saint d’un modus vivendi quant à notre souveraineté.

Il nous faut nous accorder, entre Maliens, sur nos nuances et nos divergences de lectures. Le Mali-Kura ne se construira dans un contexte larvé de guerre civile, de division, de fracture. Aussi devrions-nous, comme l’avait professé le Tigre il y a 4 ans, réduire faute de gommer les fractures et élaguer nos dissensions. Car, disait-il, aucune nation ne se stabilise et ne se développe dans la dissension permanente.

Cent (100) jours de sanctions, l’alternative est sans équivoque : accepter les conditions imposées par la CEDEAO pour espérer voir la levée des sanctions ou accepter de subir les conséquences de ces sanctions advienne, que pourra.     

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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