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Violation du cessez-le-feu à Anéfis: qui pour exiger le retrait à la CMA

À Anéfis, une crise en cache une autre : après le retrait des forces patriotiques d’Anéfis, salué par tous les acteurs du processus de paix, voilà que des éléments de la CMA envahissent cette ville, en violation flagrante du cessez-le-feu, mettant la Minusma face à ses responsabilités de protéger les populations civiles. Ce, pour quoi les forces patriotiques ont dû renoncer à occuper la zone.

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Contre toute attente, la CMA est revenue s’installer dans la ville d’Anéfis, dès que le retrait de cette ville s’est achevé par les forces patriotiques qui l’avaient reprise des mains des groupes rebelles de Kidal. Du coup, une nouvelle crise éclate à Anéfis, où sont présents les responsables militaires de la Minusma, chargés normalement de veiller à la protection des populations civiles, conformément au mandat à elle confié par le Conseil de sécurité des Nations-Unies. En fait, les combattants de la CMA ont repris la localité d’Anéfis sans y livrer le moindre combat, en faisant passer dans la ville plusieurs véhicules, car les forces patriotiques, conformément à leurs propres engagements de quitter les lieux, n’y étaient plus. Et ce coup de force, opéré par la CMA, dans la ville d’Anéfis, la Minusma elle-même l’a confirmé.

Plus symptomatique de ce qui est convenu d’assimiler aujourd’hui, une nouvelle violation des accords de cessez-le-feu, c’est le porte-parole de la CMA, Almou Ag Mohamed, qui l’a dit ouvertement sans se sourciller : « Anéfis était sous notre contrôle. Nous sommes revenus sur place ». Et ce n’est pas tout : selon ce chef rebelle, la CMA en a profité pour renforcer ses positions militaires dans plusieurs localités, notamment à Tessalit et à Aguelhok, dans la région de Kidal, où elle a littéralement déployé ses forces, sans aucune référence à l’obligation qui pèse sur elle pour le respect des accords de cessez-le-feu.

Côté forces patriotiques, on s’étonne de cette nouvelle escalade de violence dans la région. Il s’agit là, selon l’un des responsables des forces patriotiques, Mohamed Ag Achérif, d’une violation caractérisée du cessez-le-feu » consacré par l’accord de paix entre le gouvernement et la rébellion. Une violation du cessez-le-feu qui en dit long sur la passivité de la Minusma d’autant que lorsqu’il a été décidé pour que les forces patriotiques quittent la localité d’Anéfis, tout avait été prévu pour que la Minusma puisse s’installer là, pour assurer la protection des populations et de leurs biens. De ce fait, à l’époque, les forces patriotiques, adoubées par les habitants de la ville, ainsi que les populations des alentours de la ville, avaient la même inquiétude : empêcher les populations concernées, une fois le retrait des forces patriotiques consommé, de subir la vengeance des combattants de la CMA.

Dans la ville d’Anéfis et alentours, ils étaient nombreux les habitants, sans mesures d’accompagnement, de redouter le retour des combattants de la CMA, lesquels étaient soupçonnés de se livrer, comme par le passé, dans des actes d’humiliation et d’exactions à l’encontre des populations, surtout à l’égard de celles d’entre elles considérées comme favorables aux forces patriotiques et aux autorités nationales. Dès lors que la prise de la ville d’Anéfis par les forces patriotiques avait été saluée et soutenue par la population, pour une grande frange, il est donc logique que celle-ci exprime une certaine inquiétude face au retour des combattants de la CMA, forcément synonyme, pour elle, de cauchemar, d’amertume et de désolation. Si, dans cette atmosphère sécuritaire dégradée, les combattants de la CMA pénètrent dans la ville, comme c’est le cas, la population d’Anéfis ne peut qu’en vouloir davantage à la Minusma, accusée d’avoir laissé la CMA rentrée dans Anéfis.

Dans un communiqué, la Minusma a certes déploré cet état de fait, qui manifestement viole l’accord de cessez-le-feu et compromet dangereusement le processus de paix en cours, mais elle aura du mal à assumer ses responsabilités par le seul fait qu’elle a été incapable d’éviter une nouvelle crise dans cette ville, en dépit du fait qu’elle s’était elle-même dédiée à cette tâche, mais aussi par le fait que les forces patriotiques, avant de quitter les lieux, avaient eux-mêmes insisté sur le fait que des mesures de sécurité devaient être prises par la Minusma en faveur de la protection des populations et de leurs biens.

Apparemment, rien de tel n’a été envisagé. Pire, la Minusma a levé les pieds dans cette ville, laissant les combattants de la CMA de venir s’y installer. Le hic de cette situation, c’est que la mission onusienne était parfaitement imprégnée des implications sécuritaires du retrait des forces patriotiques de la ville d’Anéfis. Voilà que la Minusma qui avait salué, le 15 septembre dernier, dans un communiqué rendu public, le retrait des forces patriotiques, précisant qu’elle conserverait « jusqu’à nouvel ordre ses positions autour d’Anéfis afin de surveiller la situation sur place et d’assurer la protection des populations », se trouve du coup prise au dépourvue par les combattants de la CMA qui ne lui laissent aucune marge de manœuvre pour simplement tenir son rôle.

Même si elle a déjà déploré le retour de la CMA dans cette localité, la Minusma, de plus en plus en inquiétude au sujet des tensions qui éclatent entre les forces patriotiques et la CMA, dans de nombreuses localités du pays, est aujourd’hui, devant cette nouvelle crise perpétrée par les groupes rebelles de Kidal, face au défi lié au respect de son propre mandat, et surtout qu’elle-même reconnaît, dans un communiqué qu’il a rendu public, qu’il s’agit là d’un retour « non concerté » et en un moment, déplore-t-elle, où « la Minusma, le gouvernement et la médiation internationale sont en train d’entreprendre des efforts ayant pour but d’apaiser la situation et de remettre le processus de paix sur la bonne voie ». C’est d’ailleurs pour le respect des engagements souscrits de part et d’autre, en vue de donner toutes les chances à la paix, que le gouvernement se signale à nouveau dans cette crise, en condamnant avec fermeté cette occupation d’Anéfis par la CMA. Pour les autorités nationales, cela constitue une grave violation de l’accord de paix qui est ainsi perpétré et qui est « de nature à compromettre les chances de succès de la politique d’apaisement à laquelle demeurent attachés le gouvernement et l’ensemble de la médiation internationale ».

Il n’est donc pas étonnant que le gouvernement exige de la CMA, comme il l’avait fait pour les forces patriotiques, de « procéder dans les meilleurs délais et sans condition au retrait de ses éléments armés d’Anefis ». En mettant la pression sur la CMA de quitter Anéfis, au bénéfice de la paix, les autorités maliennes en appellent l’attention de la Minusma, comme elles l’ont également déjà fait quand celle-ci avait unilatéralement décidé d’ériger une zone de sécurité autour de Kidal, sur la « nécessité d’assumer toutes ses responsabilités ». Et cela, conformément à son mandat qui lui confie la mission de protéger les populations civiles.
Quelle marge de manœuvre pour la Minusma dans cette nouvelle épreuve ?

Ainsi que l’on s’aperçoit sur le terrain, la Minusma, qui a haussé le ton, en allant jusqu’à menacer les forces patriotiques d’actions militaires pour les déloger d’Anéfis, est jusqu’ici restée timide face à cette nouvelle épreuve sécuritaire, et se borne simplement à appeler les parties signataires face à leurs responsabilités en faveur de la paix. Dans le communiqué qu’elle a fait publier pour dénoncer cette nouvelle occupation de la ville, la Minusma est incapable vis-à-vis de la CMA d’une décision ferme et sans appel de retrait, comme elle l’a fait tout récemment avec les forces patriotiques qui ont dû quitter les lieux, sous la pression. C’est donc une duplicité cocasse que les populations maliennes, en grande majorité, voient en l’attitude de la Minusma face aux rebelles de la CMA, lesquels viennent de prouver une fois encore leur peu d’intérêt pour la cause de la paix, en venant s’implanter à Anéfis, en un moment où tous les acteurs multiplient leurs efforts en vue de consolider la paix.

Par Sékouba Samaké

Source: Info-Matin

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