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Retour de la CMA à ANEFIS: Le jeu dangereux du chat et de la souris continue

Depuis le retour de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA ) à Anéfis, le 18 septembre dernier après avoir été chassée par le Groupe d’auto-défense des Touaregs Imghaed et alliés (GATIA)  un mois auparavant, les surenchères et les menaces de reprise des hostilités sont reparties de plus belle dans la région de Kidal, sans doute la plus éruptive de tout le septentrion malien.

Colonel Intalla combattant rebelle touareg mnla cma desert nord mali

En rappel, le Gatia avait accepté, après moult tractations et hésitations, d’évacuer cette ville située à mi-chemin entre Gao et Kidal, non sans avoir posé comme préalable, l’occupation de cette position stratégique par l’armée malienne et la Minusma, afin de protéger leurs partisans qu’ils estiment être nombreux dans la cité. Il a fallu la pression de Bamako en général et du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) en particulier pour que le Gatia consente à se retirer d’Anéfis, qu’il avait occupée en violation de l’accord d’Alger qui exigeait des différentes forces combattantes, le cantonnement de leurs troupes, en attendant les étapes suivantes de désarmement, de démobilisation de tous les groupes armés et de redéploiement de l’armée malienne dans tout le Nord du Mali. C’est justement cette entorse à l’accord d’Alger que la CMA a dénoncée, en exigeant le retrait de leurs rivaux d’Anéfis, mais il faut reconnaître que les maîtres actuels de Kidal n’ont pas totalement enterré leur projet d’indépendance, et donc d’extension de leur influence sur toute la région septentrionale du pays, de Tessalit à Niafounké et de Taoudéni à Ansongo. De leur côté, les combattants du Gatia, auréolés de leurs victoires successives sur leurs principaux adversaires de la CMA à Ménaka et à Anéfis, sont plus que jamais tentés d’étendre leurs tentacules plus au Nord du pays, avec évidemment Kidal en ligne de mire. Entre les deux protagonistes, et dans le rôle ambigu de protecteur des populations civiles, il y a la Minusma qui a souvent été accusée de partialité par les belligérants et dont le mandat ne permet visiblement pas d’empêcher la confrontation entre les frères ennemis du Nord.

Un échec politique que le président IBK sera amené à reconnaître à l’heure du bilan

Ce caractère inoffensif du mandat des soldats onusiens ne fait que contribuer à la montée des périls dans cette partie du Mali car, il n’y a aucune interposition entre les groupes armés, et c’est la raison du plus fort qui y a manifestement cours. De quoi faciliter la tâche à ces djihadistes dont le nombre et les objectifs ne cessent de croître depuis que deux des principales forces sur le terrain sont plus préoccupées à se neutraliser qu’à traquer les terroristes. C’est ce terreau fertile qui a favorisé la métastase de la gangrène terroriste, au point qu’aujourd’hui, c’est le Sud et surtout le Centre du Mali qui en sont devenus les victimes, avec les groupes du prédicateur radical Amadou Koufa dans la région de Mopti et de Souleymane Keita dans le Wassoulou, qui agissent d’autant plus facilement que les forces de sécurité maliennes, sous équipées, sous informées et en sous nombre, préfèrent se réfugier dans les zones boisées du Sud ou dans les pays limitrophes comme le Burkina Faso. Cette situation d’insécurité générale est un désastre en termes d’image pour les forces de défense et de sécurité maliennes, mais c’est aussi un échec politique que le président IBK sera amené à reconnaître à l’heure du bilan, lui qui se sera finalement fait rouler dans la farine. Sa récente sortie appelant avec insistance la milice pro- Bamako à libérer la ville d’Anéfis qu’elle avait conquise en chassant les indépendantistes de la CMA par les armes, a été jugée par beaucoup de Maliens comme inopportune et même contreproductive. Le retour de combattants de la CMA à Anéfis, drapeau de l’Azawad au vent, paradant dans la ville en défiant l’autorité de Bamako, a fini par convaincre ceux qui en doutaient encore que les discours offensifs et radicaux que le candidat IBK servait aux Maliens en liesse et acquis à sa cause, ont été depuis lors, jetés dans la poubelle à Koulouba. Le plus triste, selon un Malien dépité et particulièrement remonté contre son président, c’est le fait que IBK, en demandant  à son allié du Gatia de céder du terrain « aux ennemis de la République » à Anéfis, est devenu lui-même un acteur du marché de dupes auquel on assiste dans le Nord du Mali.

Haamadou GADIAGA

Source: Lepays.bf

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