Voila un panafricaniste, prétentieux, fougueux, rêveur ! Ce guide africain et arabe fut d’abord exclu de l’école secondaire de Sebha (dans le Fezzan) pour avoir, en son temps, organisé et dirigé une immense manifestation pour protester contre l’assassinat de Patrice Lumumba.
Le combat de ce guide imprévisible, ne date pas d’hier. Africaniste convaincu, Kadhafi croyait énormément à l’unité de l’Afrique Il croyait à son émancipation, sa libération du joug occidental. Son combat contre l’Apartheid et pour la libération de Nelson Mandela, son attachements aux idéaux défendus par le Docteur Krumah, sa foi et son intime conviction d’une Afrique unie et libre en faisaient une bête féroce à abattre aux yeux de l’Occident.
Ce révolutionnaire audacieux, soumis à un embargo total, devint l’homme à abattre lorsqu’il décida de libérer notre Continent de sa dépendance tout azimut de l’Occident. Kadhafi propose et obtient la création de l’Union africaine le 11 juillet 2000 lors du sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine(OUA) à Lomé, concrétisant ainsi le rêve de Kwame Nkrumah et de Cheikh Anta Diop.
Il proposa à ses pairs africains la création d’une union monétaire africaine (UMA). Il dégagea 30 milliards de dollars et proposa que le futur siège de l’agence soit à Yaoundé au Cameroun. Il proposa également la création d’une banque centrale africaine (BCA), ayant son siège à Abuja au Nigeria. Cette banque africaine devait émettre une monnaie africaine à partir de 2014.
Il était sans aucun doute, le guide africain le plus engagé pour l’émancipation de l’Afrique. Il lance le satellite RASCOM, QAF1 le premier Satellite panafricain au bénéfice de l’Afrique et de ses Iles. Il a été mis en orbite le 20 décembre 2007 !, et le premier satellite de toute l’histoire des pays africains. Ce fut le premier affront à l’Occident.
Pour ce lancement Kadhafi avança trois cent millions de dollars, et libéra les Pays africains d’un impôt annuel de la bagatelle de 500 Millions d’euros versés aux Pays Occidentaux contre l’exploitation des satellites européens.
Il a farouchement lutté pour la création en 2014 du Fonds Monétaire Africain, calqué sur le modèle sud américain, afin de rendre l’Afrique plus autonome et libérée de l’emprise du FMI. et de la Banque Mondiale.
145 tonnes d’or déposées dans les coffres de l’Etat, étaient destinées à frapper la nouvelle monnaie unique africaine.
Kadhafi voulait une monnaie indexée sur l’or plutôt que le papier monnaie tels que le Dollar et l’Euro, une des raisons qui ont précipité sa mort. L’Occident n’acceptera jamais un tel affront d’un dirigeant africain. Monnaie unique, fond monétaire africain, banque centrale africaine, télécommunications, transports, États-Unis d’Afrique… tout cela prévu pour l’année 2014.
Ce révolutionnaire engagé était doublé d’un fin stratège et d’un grand visionnaire.
Sur le plan stratégique, Kadhafi s’est opposé plusieurs années durant, à la création du Projet Africom (Africa Command)qui n’est rien d’autre qu’un moyen de pouvoir maintenir et « stabiliser » comme disait Michel Collon, la dépendance de l’Afrique, l’empêcher de s’émanciper, l’empêcher de devenir un acteur indépendant qui pourrait s’allier à la Chine et à l’Amérique Latine. Son élimination physique permettra aux américains d’imposer Africom au continent tout entier.
En Afrique, la politique libyenne était très dynamique et prometteuse. Kadhafi a investi des milliards en Guinée, au Sénégal, au Ghana, au Mali, au Tchad, en Cote d’Ivoire, au Benin au Liberia, au Togo au Nigeria au Niger etc.. Les investissements libyens couvraient les secteurs de l’agriculture, des hydrocarbures, de l’hôtellerie, du tourisme, de l’équipement et le domaine social et religieux.
Les investissements libyens ont couvert également la création de banques sahélo-sahariennes au Sénégal, au Mali, au Niger, en Mauritanie, au Tchad, et le secteur des hydrocarbures, et de l’audio visuel.
Au plan intérieur, Il battit le Pays et en fit l’un des Pays les plus prospères et les plus développés du Continent. La Libye tire la quasi-totalité de ses richesses, du Pétrole. Elle possède d’importantes réserves de pétrole estimées à 46 milliards de barils en 2011. Une entreprise publique libyenne est la seule qui gère cette manne pétrolière sans aucune autre ingérence étrangère. Mouammar put ainsi offrir au peuple libyen un niveau de vie inégalé en Afrique et même dans certains pays européens. Le PIB (Produit Intérieur Brut) par habitant, était plus élevé que l’argentine, le Brésil, l’Afrique du Sud. Le taux d’alphabétisation était de 82 %. Il faut rappeler qu’avec tout ça le Pays est sous embargo depuis plusieurs années.
La Libye n’a pas de dette extérieure ! En France, la dette est à 84,5% ! Aux USA à 88,9% ! Au Japon à 225,8% ! L’électricité domestique était gratuite. L’eau était gratuite. Le prix d’un litre d’essence coutait 0,08 Euros. Les institutions bancaires accordent des prêts sans intérêts. Les citoyens libyens ne payent pas d’impôt et la TVA n’existe pas. Chaque famille libyenne reçoit un montant de 300 Euros par mois. Chaque étudiant libyen poursuivant ses études à l’extérieur obtenait une bourse de 1 627 Euros par mois. Kadhafi libéra la femme et lui accorda des droits. A peine arrivé au pouvoir, il bouscule les interprétations des érudits libyens. « Farouchement progressiste, il est convaincu que l’émancipation de la société passe par celle des femmes » ecrit Hélène Bravin dans son livre sur le Guide de la révolution libyenne. Pour lui les femmes doivent travailler sans renier pour autant la tradition. Il luttera et interdira la polygamie, les conditions de divorce. Il lancera le programme de lutte contre les violences conjugales et contre les violences faites aux femmes, en collaboration avec l’association caritative libyenne « waa taassimou ».
Le nouveau gouvernement issu du CNT fondera sa législation sur la Charia, la fin du divorce et le retour de la polygamie.
Le Guide libyen devient trop encombrant, trop présent, trop gênant. D’une politique insaisissable, instable on ne sait jamais trop ce qu’il est capable de faire à tout moment. Les plus grands spécialistes ne purent dresser de lui un portrait fidèle définissant son orientation et ses ambitions politiques. Alors il faut en finir avec lui.
Pour abattre ce « dictateur », « tortionnaire », le « déstabilisateur des régimes », le « fou », le « dirigeant fanatique, parrain du terrorisme international » qui finance les groupes terroristes et ennemi juré de l’Occident, les Européens ont tout essayé :
- 1982 : les Etats-Unis imposent un boycott commercial.
- En Avril 1986, Ronald Reagan ordonne un raid de bombardement (opération El Dorado Canyon) contre Tripoli et Benghazi. Quarante-cinq militaires et fonctionnaires sont tués, ainsi que quinze civils. Le colonel Kadhafi est blessé lors du bombardement, et sa fille adoptive âgée de 2 ans, assassinée.
- Décembre 1988 : Kadhafi serait le premier responsable de l’attentat de Lockerbie. Il n’en était rien. La justice écossaise a finalement statué que ce n’était pas vrai. Des enquêteurs occidentaux se sont livrés à des montages de toutes pièces pour accuser la Libye. L’ingénieur suisse Ulrich Lumpert a totalement lavé Kadhafi de tout soupçon.
- Septembre 1989 : le Guide Libyen serait l’auteur de l’attentat contre le vol d’UTA 72 survenu dans le désert nigérien. Il s’est avéré plus tard que les auteurs de cet attentas étaient des iraniens et des syriens, mais le dossier fut clos pour des raisons stratégiques de l’époque (préparation de l’invasion de l’Irak)
- Avril 1992 : le Conseil de sécurité de l’ONU décide un embargo aérien et militaire face au refus le Tripoli de collaborer aux enquêtes sur les attentats terroristes. Les sanctions sont renforcées en 1993.
- En Libye, les droits humains sont floués au sol et les femmes n’avaient aucun droit. C’était faux.
- Le Guide libyen était un fauteur de troubles en Afrique, sans préciser que Kadhafi s’opposait à l’influence israélienne et la présence des troupes, et agents israéliens dans certains pays d’Afrique.
Qu’à cela ne tienne. La machine de guerre fut lancée contre lui avec comme seul argument l’ingérence humanitaire. Il faut que ce dirigeant trop panafricaniste meure avant 2014, date de lancement des programmes de développement du Continent africain. Il demeure inconcevable pour l’Occident que l’Afrique soit autosuffisante, ou partenaire de la chine, de la Russie ou de l’Amérique du Sud. L’Afrique est, et demeurera la chasse-gardée de la France et de l’Occident, et …sa vache laitière.
Son élimination physique devint alors une priorité pour l’Occident qui craint de perdre le contrôle total de l’Afrique à partir de 2014. La France, les États-Unis, la Grande Bretagne et leurs tout petit et insignifiant allié du Golfe lancèrent la machine avec comme acteurs en Europe Bernard Henri Levy, Hamad bin Khalifa Al Thani, émir du Qatar, dans le golfe, et quelques chefs et média africains, pour le Monde noir. La suite, nous la connaissons.
L’opération est lancée. Le 17 Mars, le Conseil de sécurité de l’ONU vote en faveur d’un recours à la force contre les troupes pro-Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes.
Le 19, une coalition conduite par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, passe à l’offensive.
Le 27 mars, l’OTAN prend officiellement le commandement des opérations militaires menées dans le pays.
Mouammar Kadhafi fut donc assassiné le 20 Octobre 2011. De milliers de civils libyens aussi abattus par les avions de l’Otan. 60 000 morts au bas mot, 7 mois de pilonnage ininterrompus, pour 8 000 raids aériens, et le largage de 30 000 bombes. Le Pays est réduit à néant au nom du Droit d’ingérence humanitaire de la France et de l’Occident, au nom des nobles idéaux et de principes démocratiques. Les mouvements terroristes et djihadistes occupent le Pays, le nettoyage ethnique se poursuit encore, et partout c’est le chaos. Voilà la Libye d’aujourd’hui.
L’Occident nous a promis une Libye nouvelle, libre démocratique, rebâtie et réconciliée. Il n’en est rien. Elle est plutôt laissée aux mains des aventuriers, exploitée, détruite, réduite à néant.
Quant à nous, nous continuerons toujours à avaler tous les mensonges, d’une presse occidentale à sensation, rangée derrière ses dirigeants, une presse qui nous fait avaler tous ses mensonges. Nous sommes soumis aux occidentaux, assujettis à leur machines mensongères, à leur propagande destructrice. Nous les écoutons blottis dans notre paresse intellectuelle sans un minimum d’esprit critique. Tant que nous continuerons de croire en l’Occident, en sa presse, sans nous poser des questions, les dirigeants Occidentaux continueront de nous tailler l’habit de leur choix et qui nous va le mieux.
Assalamou Aleykoum
Mohamed
source : La Rédaction
