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Communication gouvernementale en panne : Quand le gouvernement abuse du ” one man show ” médiatique

Improductif ou même contreproductif, l’actuel système de communication gouvernementale, où le manque de professionnalisme le dispute avec l’insolence des gouvernants à en imposer aux professionnels de la communication, est plus que déconcertant. D’abord il se focalise sur la lecture de communiqués de toutes sortes par un homme politique, en tout cas jusque là, qui s’improvise en journaliste communicateur. Une inversion des rôles dont les tares devraient faire comprendre au porte parole du gouvernement qu’il n’est pas dans son droit qui consiste plutôt à porter la parole devant la presse, par l’entremise du briefing ou du point de presse, ou tout simplement à se soumettre aux questions des journalistes de la presse d’Etat sur tel ou tel événement, avec pour eux la liberté de traitement. Et alors à la presse de traiter l’information, avec professionnalisme, à l’intention du public. En cela, l’ORTM sortira de son registre de boîte de résonnance sans crédibilité pour devenir un outil efficace d’information et de communication. Et la communication gouvernementale y gagnera en efficacité. Dans l’intérêt de la Nation.

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Soulignons que le terme communication signifie d’abord “mettre en commun”, puis “être en relation avec”. Communication provient de la même racine latine qui a donné “commun” (communis), ” communiquer” (communicare, au sens d’être en relation avec, s’associer, partager), et “ communication ” communicatio (le fait d’être en relation avec).

La communication est donc l’action de communiquer, d’établir une relation avec autrui, de transmettre quelque chose à quelqu’un. Elle peut aussi désigner l’ensemble des moyens et techniques permettant la diffusion d’un message auprès d’une audience plus ou moins vaste et hétérogène, ou l’action pour quelqu’un ou une organisation d’informer et de promouvoir son activité auprès d’autrui, d’entretenir son image, par tout procédé médiatique.

En réalité, sur le fond, la communication cherche bien à répondre à l’un des objectifs suivants :

– faire passer une information, une connaissance, ou une émotion ;

– créer une norme commune pour se comprendre ;

– créer une relation pour dialoguer fréquemment, ou relancer le dialogue ;

– obtenir une influence pour inciter l’autre à agir selon sa volonté ;

– donner son identité, sa personnalité au tiers, pour être connu.

Mais entendons-nous sur une chose, c’est qu’aucun de ces objectifs ne sera atteint avec une communication défaillante. Car non seulement une telle communication ne rapproche pas forcément des points de vue, mais elle peut même amplifier l’incommunication. Nombreux sont les Maliens qui sont branchés sur d’autres chaînes parce que la Nationale les dégoûte. Et puisque le porte parole n’intervient pas en synchronisation sur plusieurs d’entre elles, et ne laisse pas le soin  aux professionnels de traiter l’information en vue d’une diffusion adéquate, respectant notamment les critères d’une bonne rédaction et les choix d’émissions de grande audience en vue d’atteindre le maximum de cibles, alors l’échec est certain. Nous n’occulterons pas de dire que le journal télévisé de l’ORTM, dans sa forme actuelle, embarrasse plus d’un par sa longue durée (45 mn au minimum) et ses communiqués intempestifs ajoutés à la présence infernale des autorités politiques et administratives dans des discours souvent interminables. Aussi, dans un pays comme le nôtre où la parole est d’importance capitale, ne faudrait-il parler peu pour pouvoir faire tout ce que l’on dit, ou tout au moins être précis et concis dans ce que l’on dit, et savoir quoi dire par qui, à qui, quand, comment et pourquoi ? Cette recette a manqué par exemple quand il s’est agi de communiquer sur la bousculade à la Mecque cette année. Allez savoir qui devait faire quoi et dire quoi entre le Président de la République, le ministre du culte et le porte parole ? Nous n’en dirons pas plus.

La communication gouvernementale vise à établir une interrelation entre les différentes structures de l’Etat, entretenir un dialogue des plus fructueux entre l’administration et les différentes couches de la communauté nationale, en mettant en œuvre tous les supports y afférents, afin de faciliter la circulation de l’information et faire que la transparence et la bonne gouvernance se traduisent par des réalités concrètes. Qu’en est-il de celle du Mali ?

Pour que la communication soit effective sur le terrain, il faudra identifier des personnes ressources pour s’atteler à cette délicate mission. L’éloquence et le bagout qui représentent des atouts considérables pour convaincre lors des rencontres à caractère politique, n’ont pas les mêmes effets sur le comportement du paysan. Il lui faut des éléments plus probants et des faits matériels pour l’amener à réagir autrement. C’est dans cette optique qu’on a tendance à favoriser les leadeurs d’opinion pour assurer la communication à ce niveau. Allez savoir ce que le paysan sikassois sait de la déclaration de politique générale du gouvernement ! Interrogez là-dessus l’universitaire ou le Directeur d’école fondamentale de votre quartier. Vous serez édifiés.

En effet, le rôle de la communication gouvernementale dans un pays comme le nôtre est de promouvoir un développement qui prenne en compte la dimension humaine dans le climat de changement social qui caractérise la période actuelle. L’évolution du monde vers plus de démocratie, de décentralisation et l’introduction de l’économie de marché créent des conditions favorables pour que les populations deviennent les principaux acteurs du changement. Pour y parvenir, il est essentiel de susciter leur participation et leur capacité d’initiative. La communication a un rôle central à jouer dans ce domaine, mais son potentiel est encore souvent sous-utilisé. Il faut encourager la planification et la mise en œuvre d’une véritable communication au service du développement du pays. Car la communication est et restera, pour les gouvernements, un facteur de paix sociale et de bonnes relations avec leurs gouvernés. Elle est au centre des modifications profondes importantes des programmes de développement.

En ces instants de modernisation et de mondialisation, le concept communication se trouve utilisé partout et pour tout. La communication semble alors avoir pris une importance notoire. Car si communiquer signifiait encore transmettre des informations, sans la prise en compte du récepteur et de son vécu, on révèle aujourd’hui que, se sont greffées à cette conception de base des valeurs principales : la relation, le partage et la communion. Ainsi, communiquer devient le fait d’entretenir des relations avec autrui dans un but spécifique, le tout étant mené au travers d’une variété de supports et de stratégies.

C’est ainsi que pour diriger convenablement et répondre aux aspirations de la population, le gouvernant se doit d’entreprendre une politique de communication qui procède d’une stratégie globale de la circulation transversale de l’information, visant à entreprendre une campagne pour l’éveil des consciences, afin de susciter l’adhésion de la population aux mesures qui sous-tendent la mise en œuvre du processus de développement. On ne peut mener une telle mission avec le maximum d’efficacité sans s’appuyer sur des supports jouissant d’une crédibilité certaine et dans de bonnes conditions de travail.

Dans un pays à forte tradition orale, où il est plus facile de véhiculer la rumeur avec tout son cortège d’éléments pervers et pernicieux, il est indispensable de maintenir la nation constamment informée par le biais d’une communication adaptée pour que la population prenne résolument conscience des difficultés qui assaillent le fonctionnement de l’Etat.

Enfin, la politique de communication gouvernementale doit être basée sur des actions mûrement réfléchies, à mettre en œuvre avec des acteurs identifiés, pour atteindre des objectifs précis.

Nous conseillons donc aux autorités compétentes d’une part d’inciter les médias à orienter leurs actions vers des informations utiles, tout en essayant d’organiser des débats pour sensibiliser les populations et les partenaires sur l’ampleur des problèmes qui préoccupent la Nation en vue de solutions idoines, et d’autre part instruire les responsables des organes d’information à entreprendre une refonte des grilles des programmes pour qu’elles puissent refléter les réalités socio-économiques du moment.

A bon entendeur salut!

Mamadou DABO

 Source: Zénith Balé

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