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Attaque terroriste au poste frontalier de Bih, cercle de Koro : Quatre morts dont deux policiers, des armes et une moto emportées

Le samedi  19 septembre, vers 6h du matin, des terroristes ont attaqué le poste frontalier de Bih, dernier village malien avant la frontière burkinabè, situé à 20 km de la ville de Koro. Le bilan est lourd. Quatre morts dont deux policiers à savoir l’adjudant-chef Zana Keïta et le sergent Aboubacar Fofana, respectivement des promotions 1993 et 2007, et deux civils dont un Malien (planton au poste) et un Ivoirien. Outre sept pistolets mitrailleurs appartenant aux policiers, les terroristes ont aussi emporté leur unique moto de service. Tandis que les deux civils ont été enterrés sur place, les corps des deux policiers ont été acheminés par leurs parents sur Bamako et leur enterrement est prévu pour ce lundi après-midi à l’Ecole nationale de police à Ntomikorobougou.

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Avec l’attaque du poste frontalier de Bih, cercle de Koro, on peut dire que la région de Mopti est assurément dans le viseur des terroristes. En effet, cette attaque intervient quasiment une semaine après celle de la commune rurale de Ouenkoro où les terroristes avaient froidement abattu le Mdl-chef de gendarmerie Issa Traoré. S’il n’y a toujours pas de revendication, les regards restent tournés vers les combattants du Front de libération du Macina (FLM) fondé par l’imam aux prêches virulents, Amadou Koufa, lui-même originaire de la région avec plus ou moins des attaches solides.

D’après plusieurs témoignages, l’attaque du samedi 19 septembre n’était point une surprise car, depuis la veille, la rumeur s’était répandue comme une trainée de poudre si bien que des fonctionnaires avaient délocalisé leurs familles.

Menaces de vengeance 

L’attaque de Bih peut être considérée comme revancharde puis que selon des sources policières, il y environ deux mois, dans le cadre de la lutte anti-terroriste, des marabouts et talibés avaient été chassés de la ville de Bandiagara. Parmi eux, indique un élu local, certains avaient été séquestrés par des policiers. A l’époque déjà, poursuit notre source, des marabouts et talibés avaient menacé de se venger des policiers de Bandiagara.

Ensuite, après l’attaque contre Ouenkoro, le renfort envoyé était encore conduit par le commandant de la compagnie de gendarmerie de Bandiagara. Là encore, les terroristes avaient proféré des menaces à l’encontre de ce contingent.  Sachant que sur les sept éléments qui tiennent le poste frontalier de Bih, au moins quatre viennent de Bandiagara, on peut bien soutenir que les terroristes ont mis leur menace à exécution.

Pour en venir aux faits proprement dits, le chef de mission, l’inspecteur principal de police Boubacar Traoré, que nous avons joint au téléphone, raconte ce qui s’est réellement passé. “ Le samedi 19 septembre vers 6 heures du matin, j’ai vu un motocycliste, transportant un passager, venir vers notre poste. C’est un chemin que les motocyclistes n’empruntent pas d’ordinaire. Donc, cela a éveillé en moi un soupçon. Subitement, il s’est arrêté en faisant face au poste. Celui qui conduisait a sorti un fusil lance-roquette avec lequel il a ouvert le feu dans notre direction. Le second, avec un PKM (gros calibre) a commencé à pilonner notre positiion. Parmi nous, deux policiers qui tenaient leurs armes ont riposté. Subitement, sept autres motocyclistes, transportant chacun un passager, surgirent et tirèrent sur tout ce qui bouge. Tandis que certains de nos camarades ont réussi à s’abriter dans le village, l’adjudant-chef Zana Kéita, chef de poste, un planton et moi-même, chef de mission, sommes allés nous abriter dans la broussaille environnante. Les terroristes se sont lancés à notre recherche. Malheureusement, ils ont pu retrouver Zana Kéita et le planton qu’ils ont criblés de balles à la tête, au thorax et aux pieds. C’était atroce”.

Imminence de l’attaque

Un autre policier, le sergent Aboubacar Fofana, qui avait été porté disparu, a été découvert mort dans la broussaille. La quatrième victime est un civil. De nationalité ivoirienne, il était à Bih pour suivre un traitement thérapeutique traditionnel.

Alertées, les autorités administratives et politiques ont organisé une visite sur les lieux. Après avoir sollicité la garde et la gendarmerie, le préfet, le maire, le sous-préfet et un transitaire se sont rendus sur les lieux de l’attaque. Seuls, les gardes et les gendarmes ont, semble-t-il, trainé le pas.

D’après le maire de Koro, Soumaïla Djimdé, que nous avons joint au téléphone,  cette attaque est le fruit de la négligence car, soutient-il, depuis la veille la rumeur d’une attaque avait fait le tour. “D’ailleurs, les policiers-mêmes ont reconnu qu’ils ont eu échos de l’imminence d’une attaque. Dans la ville de Koro, beaucoup de fonctionnaires, par peur, ont fait déplacer leurs familles “. C’est aux environs de 15h, soit 9 heures après l’attaque, que le renfort, constitué de gendarmes, est arrivé sur les lieux.

Manque d’effectifs et de moyens

Les deux civils ont été enterrés sur place. Quant aux deux policiers, leurs corps ont été acheminés sur Bamako, non sans grandes difficultés. D’après des sources concordantes, lorsque le directeur régional de la police de Mopti est arrivé sur les lieux, il n’aurait eu que 20.000 FCFA sur lui. Finalement, ce sont les anciens camarades des policiers tués qui se sont cotisés, sans compter une dame de cœur en service à l’hôpital Sominè Dolo qui a offert 50.000 FCFA pour que les deux corps puissent être transportés sur Bamako. Leurs obsèques auront lieu cet après-midi à l’Ecole nationale de la police à Ntomikorobougou.

Cette attaque pose la lancinante problématique des effectifs et des moyens au niveau de certains postes stratégiques. Car, le poste de Bih est situé à seulement 2 km du poste frontalier du Burkina Faso et il n’était tenu que par sept éléments. Cela est incompréhensible  en cette période d’insécurité généralisée. Au delà des effectifs, un accent doit être mis sur les moyens qui, il convient de le rappeler, font cruellement défaut. Pour preuve, selon le maire de Koro, Soumaïla Djimdé, juste après l’attaque contre le poste de Bih, les autorités burkinabè ont dépêché chars et BRDM en face de Bih, soit à seulement 2 km.

Il est donc grand temps que les autorités maliennes reprennent conscience que ce que nous vivons sort de l’ordinaire et qu’il faut, conséquemment, mettre en place des dispositifs appropriés. De Kadiolo à Bih, en passant par Misseni, Fakola, Kolondiéba et Ouenkoro, chaque fois qu’il y a eu attaque, il y a eu mort d’hommes et blessés côté malien. Du côté des assaillants, il n’y a jamais de blessé, encore moins de mort. De deux choses l’une, nos forces refusent de se riposter ou elles n’ont pas les moyens. C’est cette deuxième hypothèse qui tient la route sinon, ne serait-ce que par instinct de survie, ils se seraient battus.

Diakaridia YOSSI

 

Source: L’Indépendant

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